Territoire Zéro Chômeur Longue Durée, c'est à la fois un collectif d'associations, et un projet qui comme son nom l'indique, consiste à ramener vers l'emploi des personnes qui en sont éloignées. A Strasbourg, dans le cadre d'une opération baptisée Flashcoop, huit participants sont accompagnés pour créer en sept jours leur propre entreprise coopérative
Sept jours pour créer sa boite. Le défi est grand, d'autant plus qu'il repose sur huit participants très éloignés de l'emploi.
En sept jours, ils vont passer par toutes les étapes nécessaires à la création d'une entreprise : les formalités administratives, la constitution d'une marque avec son identité visuelle, l'étude de marché, la production, la commercialisation, et le bilan.
Pour cette expérience, il fallait un produit facile à produire en petite série, à un prix attractif. Unanimement, ils ont décidé de réaliser des arrangements de plantes aromatiques, présentés dans des objets détournés mis à disposition par Emmaus Mundo, et qui seront vendu le 18 Juin au Social Market.
Entrepreneur salarié, statut sécurisant
Tout le processus est encadré par Antigone, une structure coopérative strasbourgeoise qui accompagne des porteurs de projets : "Les entreprises coopératives d’activité et d’emploi offrent un statut d’entrepreneur salarié aux indépendants, ce qui leur permet de bénéficier d’une couverture sociale comme n’importe quel salarié. C’est beaucoup plus sécurisant, et moins complexe qu’une auto-entreprise" explique Odile Santamaria, coordinatrice et animatrice du projet Flashcoop.
C’est donc avec ce statut que les participants, surnommés les flashcoopeur.euse.s, ont démarré leur activité. Tout a été fait dans les règles, y compris la déclaration à l’URSAF. "C’est une véritable simulation, précise Odile Santamaria. Et ça leur permet de comprendre les enjeux. Par exemple, les charges, les salaires, les cotisations. Tout ce qui impacte un prix de vente. Ils doivent comprendre les mécanismes qui rendent une activité pérenne". Pas toujours évident, pour des personnes qui ont vécu des parcours compliqués.
C’est le cas de Marc, 58 ans, qui vivait de travaux de traduction français-allemand jusqu’en 2017. Puis, les commandes se sont taries, et il s’est retrouvé sans emploi. Depuis, il se rend utile à travers des activités associatives. Mais créer sa propre entreprise ? Fort de l’expérience Flashcoop, il se dit intéressé. "Pourquoi pas, à condition de trouver des personnes en qui on a confiance" dit-il. La confiance, c’est le maitre mot d’autant qu’il ne se sent pas trop à l’aise avec toute la partie comptabilité. "Trop de paramètres" résume-t-il
Atteindre des objectifs
Le projet Flashcoop sert justement à cela : déceler ou déclencher les envies et les ambitions professionnelles de chacun. Mais aussi, faire prendre conscience des limites. "Lancer une activité, c’est une charge mentale très lourde. Il vaut mieux le savoir et connaître ses atouts et ses faiblesses" dit Odile Santamaria. Marc lui, a adoré la séquence cueillette et mise en pot des herbes aromatiques au Jardin de la Montagne Verte. A choisir entre cela et la compta, c’est tout vu !
En attendant, les flashcoopeur.euse.s ont tout prévu : ils ont investi dans 120 plants d’aromates, avec lesquels ils espèrent réaliser au minimum 60 « topf ». Des petits pots qu’ils vendront samedi entre 15 et 25 euros pièce. S’ils parviennent à écouler toute la marchandise, ils pourront se verser 60 euros de salaire, ce qui correspondrait à une rémunération au SMIC, ramené au temps qu’ils auront consacré à ce projet. Un début, et peut-être un déclic chez certains.