Le nouveau groupuscule d’extrême droite Bastion Social ouvrira samedi 9 décembre un local associatif au centre-ville de Strasbourg à une adresse tenue secrète. En réaction, un appel à manifester a été lancé par plusieurs associations et collectifs antifascistes.
Lyon, Lille et maintenant Strasbourg…
Le Bastion Social s’apprête à ouvrir un nouveau local associatif baptisé « L’Arcadia » dans la capitale alsacienne. A première vue, on pourrait se dire « chouette », en voilà une bonne idée. Sauf que derrière le nom de cette organisation, se cache un mouvement contesté.
« Les nôtres avant les autres », voilà le crédo du Bastion Social. Un groupuscule d’extrême droite naissant, hérité du GUD (Groupe union défense), une organisation étudiante d'extrême droite connue pour ses actions violentes, qui se définit comme un « mouvement nationaliste-révolutionnaire ». La France aux Français, halte à l’invasion, non au mariage homosexuel…ça c’est pour les idées. Pour les actions ? Le Bastion Social se veut « au service du peuple » en offrant un toit et un soutien « aux français délaissés par les pouvoirs publics ». En clair le groupe d'ultras considère que les « Français de souche » seraient défavorisés par rapport aux « clandestins ». Alors depuis quelques mois, ils ouvrent des locaux destinés à mener leurs opérations et surtout à véhiculer leur propagande xénophobe.
« Bastion Social, c’est la même chose que le GUD. Ils essayent de sortir d’une logique de groupuscule pour se donner une image plus convenable. Mais sous couvert de récupérer la lutte contre la misère sociale et le mal-logement, les fascistes entendent surtout disposer d’un lieu pour la préparation d’agressions », examine Mickaël, membre de la Brigade antifasciste de Strasbourg.
"Un lieu pour la préparation d'agressions"
Ce militant est très inquiet. Les néofascistes s’apprêtent à implanter leur mouvement en Alsace. Leur siège sera établi à Strasbourg, dans un lieu tenu secret et qui ne sera révélé que ce samedi 9 décembre 2017 à la suite d’une réunion de présentation…dont l’organisation est-elle aussi secrète. Eh oui...Bastion Social s'apparente à un bastion mystérieux. Aucune communication n'est assurée en dehors du cercle très fermé des sympathisants.
Le local, appelé l'Arcadia, situé près du centre, "peut recevoir une bonne centaine de personnes" et "devrait être ouvert 3 soirs par semaine", s'est contenté d'expliqué à l'AFP le porte-parole du Bastion Social, tout en indiquant, "nous allons essayer avec ce local de créer un espace d'échange (...) Les adhérents y auront accès à un bar et on pourra passer des soirées avec des gens qui partagent les mêmes sensibilités politiques".
"Ces gens-là vont très vite faire parler d'eux" prophétise Mickaël. "Ils sont dangereux pour la liberté des Strasbourgeois, ils agressent régulièrement les homosexuels ou les personnes de couleurs. Leurs locaux, ils s’en servent pour fédérer les fascistes de la région et organiser leurs actions."
Manifestation contre rassemblement
En réaction, un contre-événement vient d’être lancé par les antifascistes de différentes organisations et collectifs. La BAF (Brigade Antifasciste) Strasbourg, l’AFA Strasbourg, Solidaires Alsace, le syndicat, CNT STP 67, Collectif Contre la Répression Alsace… tous se sont aussi donnés rendez-vous samedi 9 décembre à 15h, aux alentours du quartier gare, pour manifester mais surtout "pour alerter les strasbourgeois et les sensibiliser au danger d’avoir un local comme celui-ci en centre-ville ".
La réaction de Roland Ries, le maire de Strasbourg
A l’annonce de l’ouverture du bar associatif l’Arcadia dans le centre-ville, le maire de Strasbourg, Roland Ries, a tenu à condamner fermement l’idéologie de rejet qui sous-tend ce projet. "A l’heure où Strasbourg, capitale de Noël, est sous les feux des projecteurs et où plus de deux millions de visiteurs viennent s’imprégner des valeurs de partage et d’humanisme propres à notre ville, ce projet vient entacher notre image et va à l’encontre de notre vocation de capitale européenne des droits de l’homme" écrit-il dans un communiqué adressé aux rédactions.
De son côté, la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) du Bas-Rhin a trenu à exprimer sa "profonde indignation" via un communiqué. "Si toute action sociale est louable, elle ne saurait être provocatrice, discriminante et encore moins être le prétexte à la propagation d'une idéologie raciste et populiste", a déclaré Fabielle Angel, présidente de la Licra 67.