Strasbourg accueillera en 2021 la première unité au monde de production d'hydrogène à partir de biomasse, a annoncé ce mardi 27 août, le distributeur de gaz local R-GDS et la PME marnaise Haffner Energy. Objectif : faire rouler des véhicules à l'"hydrogène vert" non émetteur de C02.
C'est une première mondiale et ça se passera en Alsace, à Strasbourg plus précisément. Une unité de production d'hydrogène à partir de biomasse, sera mise en servic en 2021. Elle sera installée dans les ateliers de R-GDS (ex Gaz de Strasbourg) implantés à la Meinau, en partenariat avec l’entreprise Haffner Energy. Pourquoi ici ? "Parce que RGDS est un distributeur de gaz, donc l'hydrogène, qui est un gaz, nous intéresse. C'est aussi un opérateur de la transitoin énergétique qui aime être pionnier, parce que nous sommes sur un territoire qui a des ambitions en la matière, à savoir 100% d'énergie renouvelable d'ici 2050", a indiqué Martine Mack, directrice générale de R-GDS.
Dimensionnée pour produire à terme 216 tonnes/an, elle commencera dans deux ans à produire environ 110 tonnes annuelles. L'installation représente un investissement de 7 millions d'euros en études, construction et frais divers. Selon les porteurs du projet, elle aura vocation à faire rouler des véhicules à l'"hydrogène vert" non émetteur de C02.
La première application pressentie est l'alimentation d'une trentaine de bus pour le transport urbain à Strasbourg, qui seraient rechargés la nuit, une fois arrivés au bout de l'autonomie évaluée à 300 kilomètres, ont précisé les dirigeants de R-GDS et de la CTS, lors de la cérémonie de lancement du projet lundi soir.
Une matière organique pour le "carburant de demain"
La biomasse est la matière organique issue du bois et de déchets agricoles et forestiers. "On sait fabriquer de l'hydrogène à partir d'électricité, en faisant de l'électrolyse de l'eau, en revanche on a jamais prouvé la faisabilité de la production d'hydrogène à partir de bois. La nouveauté, elle tient dans l'utilisation de la biomasse. Les Haffner l'ont fait à une échelle dite de pilote. Là on va passer au côté industriel, de 6 kilos à 600 par jour", détaille Martine Mack .Pour commencer, le procédé utilisera des plaquettes forestières, qui sont les bois laissés en forêt après la récolte, a précisé Mme Mack. Le procédé, développé et breveté par Haffner Energy, une PME de Vitry-le-François (Marne), diffère des deux techniques actuelles : la transformation d'énergie fossile (méthane) et l'électrolyse de l'eau. "Unique au monde, il repose sur la thermolyse (chauffage) de la biomasse et la gazéification, de façon à obtenir "l'hydrogène renouvelable le plus compétitif qui soit", "pur à 99,97 %", a exposé Philippe Haffner, président de Haffner Energy.
Son efficacité doit être confirmée à "échelle industrielle"
A la différence de l'hydrogène d'origine fossile, il ne rejette pas durablement de C02 dans l'atmosphère car celui-ci est immédiatement piégé, et son coût --5 euros pour 1 kg d'hydrogène au stade actuel de mise au point--, est moindre que l'électrolyse, a-t-il ajouté. La technologie présente aussi l'intérêt de pouvoir produire un gaz utilisable en chaleur, si la demande en hydrogène pour véhicules était insuffisante, a relevé Mme Mack.Son efficacité, prouvée sur un prototype dans les locaux d'Haffner Energy, doit à présent être confirmée à "échelle industrielle", a rappelé Mme Mack. Pour créer l'unité industrielle, R-GDS et Haffner Energy ont constitué en juillet une société commune, R-Hynoca (Réseau Hydrogen no carbon).
Deux taxis parisiens à hydrogène de passage à Strasbourg
Robert Herrmann, président de l'Eurométropole a participé à la table ronde ce jour là à une table ronde dont la thématique portait sur l’hydrogène et la décarbonisation de la mobilité à Strasbourg, aux côtés de Jean Rottner, président de la région Grand Est, Christel Kohler, présidente de R-GDS, Philippe Haffner, Président de Haffner Energy, Jean-Louis Metzger, Directeur Général adjoint à la CTS et Mathieu Gardies, Fondateur de Hype. Il a pu tester le taxi hydrogène.