L’artiste strasbourgeois Brunograffer voudrait décorer un mur défraîchi du centre-ville. Sur Tiktok, il raconte via une série de vidéos, le périple de ses démarches administratives. Il vient de lancer une pétition pour tenter d'obtenir l’accord des architectes des bâtiments de France.
« C’est un bout de mur tout décrépi, moche, qui fait tâche dans le centre-ville de Strasbourg ». L’artiste Brunograffer (son compte instagram) voudrait mettre des couleurs sur un pan d’immeuble situé en plein-cœur du centre-ville, dans la rue des Grandes Arcades, non loin de la place Kléber.
Mais mettre en œuvre son projet s’avère bien plus compliqué qu’il ne le pensait. Avec humour (et pas mal de gros mots), il raconte le périple de ses démarches via une série de courtes vidéos qu’il publie régulièrement sur le réseau social Tiktok. La première, datée de février 2021, explique comment lui est venue l’idée, en marchant tout simplement dans la rue.
@brunograffer J’aimerai décorer ce mur dans le centre ville de Strasbourg. Quelqu’un peut m’aider ? ??
♬ son original - Brunograffer
Au fil de ses publications, ce graphiste de formation un brin déjanté détaille son projet, imaginé au départ avec des formes abstraites et des couleurs pop acidulées. Une esquisse qu’il soumet aux utilisateurs, adaptant sa copie en fonction de leurs commentaires.
Et les internautes sont nombreux à réagir, certains estimant que la proposition est trop chatoyante et mal assortie avec les murs en grès rose du centre-ville historique. Il soumet donc aussi une version en noir et blanc, une autre en sepia "pour mieux s’intégrer aux couleurs des bâtiments environnants" et va même jusqu’à suggérer un collage au lieu de la peinture, voire une bâche tendue avec une décoration dessus qui n’altèrerait pas la façade.
@brunograffer Ça en est où la peinture du mur de Strasbourg ? Bah voilà hein ? PARTIE 8 ?? ##strasbourg ##streetart
♬ son original - Brunograffer
Le tiktoker de 25 ans partage aussi dans le détail sa "confrontation avec la dure réalité de l’administration" en décrivant les démarches qu’il entreprend, d’abord auprès de la ville de Strasbourg (Bas-Rhin), de l’agence immobilière qui gère l’immeuble, puis finalement des architectes des bâtiments de France qui régissent ce secteur classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Leur réponse est négative, comme il le révèle dans le onzième épisode de sa "série Netflix"- ainsi qu’il a intitulé sa succession de vidéos. Sollicité, le service de gestion du patrimoine n’a pas donné suite à nos demandes.
Le treizième épisode pourrait sembler être l’épilogue de la série. Il vient de recevoir un mail lui confirmant le refus définitif des architectes des bâtiments de France. Mais Brunograffer est un acharné. Il lui en faut plus pour renoncer. Il annonce le lancement d’une pétition (accessible ici) avec l’espoir que de nombreuses signatures pourraient faire changer d’avis l’administration. "Car ce mur, dans tous les cas, a besoin d’être refait ", insiste-t-il, "et je voudrais leur montrer que je ne suis pas le seul à vouloir décorer ce mur tout moche". En une semaine, la pétition a recueilli plus de 3.000 signataires.
@brunograffer La peinture ##streetart d’un mur à ##Strasbourg : PARTIE 11 ? Prochaine étape : le RDV avec les ABF ??
♬ son original - Brunograffer
Pour justifier son acharnement, Brunograffer met en avant la multitude de couleurs "bigarrées" déjà présentes dans la rue sur les enseignes des nombreux magasins et restaurants qui jonchent cette artère très passante. Il s'appuie aussi sur les exemples d'une fresque peinte à quelques dizaines de mètres de là, sur la place de l’Homme de Fer, ou de celles réalisées dans la rue de la Vignette (voir la page facebook du projet artistique de la rue de la vignette).
Un mur en réalité virtuelle
Dernière alternative imaginée par l’artiste : un mur en réalité virtuelle. « Il suffirait de rénover le mur dans sa couleur d’origine. En contrebas du mur, on poserait un écriteau pour que les passants puissent télécharger une application leur permettant de voir apparaître un motif qui s’anime via leur smartphone ou une tablette » explique-t-il en renvoyant au concept mis au point par le collectif d’artistes des Francs Colleurs, présenté sur la vidéo ci-dessous.
Fort d'une communauté de 1,7 millions d'abonnés sur les différents réseaux sociaux, Brunograffer fourmille d’idées et de projets. Derniers en cours : la customisation (décoration sur-mesure) de chaussures de sport, le détournement de cartes Pokémon ou encore l’installation d’un studio photo dédié à Instagram dans une boutique éphémère l'été prochain à Strasbourg. Retrouvez sa chaîne youtube et le détail de son projet de décoration du mur de Strasbourg.