Une caissière d’un supermarché à Strasbourg s’est vu signifier son licenciement pour faute grave. Elle n’avait pas scrupuleusement respecté le règlement intérieur pour faire ses deux achats. La mère de famille a décidé de saisir les prud'hommes.
Après des mois de travail en première ligne contre le coronavirus, une caissière d’un supermarché du quartier du Stockfeld à Strasbourg vient de recevoir une lettre de licenciement pour faute grave. Le motif ? Elle aurait acheté, sur son temps de pause en janvier dernier, une baguette et une patate douce, ce qui serait interdit par le réglement intérieur.
"On me reproche d'avoir abandonné mon poste. Ce qui est faux", explique Fouzia Dermoun. J'ai les justificatifs qui prouvent, via les tickets de caisse, que j'étais bien en pause lors de l'achat. je suis tombée des nues quand j'ai appris que j'étais licenciée par rapport à cela".
Plusieurs collègues se plaignent d'une très mauvaise ambiance dans le supermarché et de sanctions arbitraires. L'une d'elle témoigne mais préfère rester anonyme : "Faire quelques courses pendant sa pause est courant. Les chefs de caisse le font, les adjointes de caisse aussi, tout le monde le fait! Dans ce cas, il faudrait virer tout le monde du magasin."
Soutenue par les clients
La mère de famille était en intérim entre mars et août 2020, puis en CDD en septembre. Elle avait finalement décroché un CDI au mois d'octobre. Son conjoint Taibi espère qu'elle pourra retrouver son honneur : "Il faudrait juste qu'ils reconnaissent que c'est une erreur. Je pense qu'ils ont fait les choses un peu trop vite, sans réfléchir. J'aimerais bien savoir ce que Monsieur Leclerc pense de cette caissière qui, pendant un an, s'est donnée corps et âme pour cette boîte".
Depuis plusieurs jours, l'affaire fait réagir les clients qui, tous, soutiennent cette jeune femme, comme Issad Niouar, un ancien salarié de la grande distribution et habitant du quartier : "Elle mérite notre soutien. C'est une femme qui s'est battue en faisant partie des gens qui tenaient les caisses malgré cette crise".
Procédure aux prud'hommes
Fouzia Dermoun a décidé d'entamer une procédure aux prud'hommes mais, selon Wilson Martinez, secrétaire général CGT du commerce et des services du Bas-Rhin, cela ne fait plus peur aux entreprises : "Aujourd'hui les lois Macron permettent malheureusement aux patrons d'avoir toute cette puissance. Ils sont prêts à payer, même s'ils vont perdre. Ce qui compte, c'est que son salarié ne sera plus comptabilisé dans le personnel".
Le groupe Leclerc n'a pas souhaité répondre à nos questions mais affirme "prendre acte des déclarations de la salariée" et dit "avoir mandaté un expert en droit du travail pour clarifier les faits". La caissière, elle, aimerait être réintégrée dans un autre magasin du groupe. En attendant, son rêve d'acheter un appartement s'est envolé...avec le CDI.