Une centaine de personnes, issues d'associations et de collectifs de défense des migrants se sont retrouvées en début d'après-midi pont du corbeau à Strasbourg avant de se diriger vers la préfecture. Elles demandent la régularisation des sans-papier, pour beaucoup des familles présentes en France depuis plusieurs années et qui viennent de recevoir une obligation de quitter le territoire français.
Gagik a 17 ans et des souvenirs lointains de son Arménie natale. Avec sa famille, il s'exile d'abord en Allemagne où ils resteront trois ans avant d'être expulsés, direction la France où ils sont maintenant "installés" depuis 5 ans.
Le jeune homme au sourire franc et timide est scolarisé en première au lycée Kléber de Strasbourg. "Avec ma famille, on dormait dans un hôtel de Geispolsheim mais nous sommes partis. Nous dormons dans les gymnases ou chez des amis", précise le lycéen dont la famille a reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF) le 2 janvier dernier.
"C'est incompréhensible, nous confie sa professeure principale, Claire Marie Blandin, enseignante agrégée de lettres. Je suis en fin de carrière et je n'ai jamais vu ça. Gagik a été félicité au premier semestre pour son travail. C'est un excellent élève très bien intégré", s'indigne-t-elle.
De nombreux enseignants du lycée se sont d'ailleurs mobilisés pour mettre en place une pétition, une cagnotte aussi en soutien à Gagik et à sa famille. Comme eux, ce sont de nombreuses familles souvent issues de l'Est de l'Europe, en France depuis 2, 3, 4, 5 ans ou plus, qui ont reçu dernièrement des OQTF.
Une centaine de manifestants
Des familles présentes à la manifestation organisée ce samedi 4 février par les associations et collectifs strasbourgeois de soutien aux migrants. Une centaine de personnes s'est ainsi rassemblée autour de 14 heures pont du corbeau avant de manifester vers la préfecture.
"On est inquiets parce que les procédures sont en train de se durcir, explique Gabriel Cardoen, membre du collectif de soutien aux migrants. Et ça va être de pire en pire", ajoute-t-il, la mine sombre.
En effet, une loi sur l'immigration menée par le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin, doit être examinée par le Parlement au printemps prochain. Un texte pour faciliter les expulsions, notamment des délinquants étrangers, qui effraie les soutiens des migrants Bas-Rhinois.
En attendant, Gagik sera au lycée lundi pour continuer à suivre ses cours, continuer à faire comme si sa vie ne dépendait pas d'une décision administrative. Plus tard, il aimerait intégrer une fac de droit. "Pour devenir avocat et défendre les migrants ?" lui demande-t-on. Gagik répond d'un sourire qui veut dire "on verra".