3500 agent·e·s de la Ville et l'Eurométropole de Strasbourg pourront bénéficier de 13 jours d'autorisation spéciale d'absence, sur présentation d'un certificat médical, pour des raisons de santé gynécologiques. L'expérimentation débute en septembre 2024.
Le conseil municipal de Strasbourg (Bas-Rhin) a voté mercredi 22 mai 2024 pour l'instauration d'un congé de santé gynécologique, une forme de congé menstruel, à destination des agent·e·s de la Ville et de l'Eurométropole. Les personnes qui en font la demande pourront, sur présentation d'un certificat médical, être absentes 13 jours par an au titre de ce congé.
Il est destiné aux personnes souffrant d'endométriose, de dysménorrhées et d'autres symptômes de règles douloureuses. Elles doivent demander un certificat médical à un·e gynécologue ou une sage-femme, valable deux ans, contrôlé ensuite par la médecine du travail. Un compteur de 13 jours d'autorisation spéciale d'absence est débloqué par an, avec une restriction à trois jours consécutifs maximum.
"Il s'agit d'une autorisation spéciale d'absence. C'est le même dispositif que pour les absences pour enfant malade ou événement familial", précise Christelle Wieder, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des droits des femmes. Les fonctionnaires n'auront donc pas de jour de carence, ce qui aurait été le cas pour un arrêt maladie.
Là où d'autres congés menstruels ont été retoqués, au Sénat ou à la Région Grand Est où la droite est majoritaire, en commission à l'Assemblée Nationale où le Rassemblement national s'est abstenu de voter et les élus de la majorité présidentielle se sont prononcés contre, le vote a été unanime à Strasbourg. "L'absence de clivage dans notre hémicycle sur ce sujet est un motif de fierté", se réjouit Christelle Wieder.
L'ensemble du conseil municipal semble considérer qu'il est anormal d'aller travailler avec des douleurs aiguës. "Il fallait que ces douleurs puissent être prises en compte", assure Christelle Wieder. Et le même son de cloche du côté de l'opposition. "Disposer d'un tel congé, c'est institutionnaliser les choses, et une étape pour libérer la parole, précise Jean-Philippe Vetter, conseiller municipal de l'Union de la droite et du centre. Dès lors que deux professionnels considèrent qu'il y a un problème de santé gynécologique chez une personne, il est normal de le considérer."
L'expérimentation doit durer deux ans. "On ne sait pas combien cela va coûter, mais dans les autres collectivités qui l'ont expérimenté, le recours au congé menstruel a été très faible par rapport au nombre de personnes susceptibles d'en bénéficier", précise Christelle Wieder.