Subvention controversée à la mosquée Eyyub Sultan de Strasbourg : la tension monte entre la préfète et la maire

Le principe d'une subvention accordée à l'association turque Millî Görüs par la ville de Strasbourg pour la construction d'une mosquée n'en finit plus de susciter polémique et tensions entre la ville et l'Etat. La préfète affirme désormais son intention de saisir le tribunal administratif.

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Et voilà que la préfète du Bas-Rhin fait à son tour entendre sa voix sur ce dossier qui créé la polémique depuis lundi 22 mars, jour où le conseil municipal a adopté par 42 voix pour et 7 contre le principe d'une subvention de 2,563 millions d'euros à la construction de la mosquée Eyyub Sultan, dans le quartier de la Meinau (lire notre article ici) Par un communiqué transmis mercredi 25 mars dans la soirée, Josiane Chevalier fait savoir que cette délibération fera "l'objet d'une saisine de la juridiction administrative".

Virulents échanges de tweets

Elle répond ainsi au souhait exprimé par le ministre de l'Intérieur. C'est via Twitter que Gérald Darmanin s'est d'abord saisi de l'affaire dès le jour du vote au conseil municipal, pour s'offusquer que "la mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l'islam de France". En cause, le porteur du projet, l'association Millî Görüs, pointée du doigt pour ses accointances présumées avec des organisations islamistes telles que les Frères musulmans.

La maire de Strasbourg lui répond dans un premier temps en conférence de presse, rappelant que le financement des lieux de culte à hauteur de 10% est un principe de droit local, et appelant l'Etat à prendre ses responsabilités si Millî Görüs apparaît comme une menace pour la sécurité de la République. Gérald Darmanin en rajoute et dénonce "l'ingérence étrangère sur [notre] sol" lors d'une interview télévisée, insistant sur les liens politiques controversées de Millî Görüs.

La préfète va saisir le tribunal administratif

Et Jeanne Barseghian de contrer, sur Twitter elle aussi, en publiant une lettre adressée cette fois au président de la République pour préciser que la subvention ne serait accordée qu'aux conditions d'une "présentation d'un plan de financement robuste et transparent" et "la confirmation par le porteur du projet de son adhésion aux valeurs de la République." La maire récidive sur la responsabilité de l'Etat, rappelant que "le ministre de l'Intérieur, que j'ai pourtant accueilli à Strasbourg 2021, n'a émis aucune mise en garde à ce sujet, ni pendant sa visite, ni après. La préfecture ne m'a pas davantage adressé une quelconque mise en garde".

Et c'est là que la préfète a donc décidé de répondre. Dans son communiqué, elle fustige "des informations inexactes. Mme la Maire affirme que les services de l'Etat ne lui ont jamais signifié leur préoccupation au sujet de ce projet. ceci n'est pas exact, puisque la Préfète l'a fait personnellement, et ce à plusieurs reprises."

La préfète s'engage à "vérifier que ce projet est respectueux de nos principes républicains". Avant d'affirmer que "ce mouvement fondamentaliste proche des Frères musulmans (...) prône un islam rigoriste, comme en témoigne par exemple son refus récent d’approuver la charte élaborée par le
Conseil français du Culte Musulman".

Les dons insuffisants pour boucler le chantier

Sur ce dossier, l'Etat semble donc vouloir prendre la main. Alors que l'association Millî Görüs compte déposer à la fin du moins un dossier de subvention auprès de la région Grand Est et de la collectivité européenne d'Alsace. Les travaux de construction de sa mosquée ont repris cet hiver, mais avaient dû être interrompus pendant 18 mois car les dons qui jusque là assuraient le financement de l'édifice ne suffisaient plus. Au total, cet immense projet devrait coûter 32 millions d'euros, dont 25 pour la construction de la mosquée elle-même, la part pour laquelle les collectivités peuvent contribuer, dans le cadre du financement des lieux de culte autorisé par le droit local.

 

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