TEMOIGNAGE - Déraillement d'un TGV Strasbourg-Paris, "les vitres se sont fissurées et ont explosé"

Le TGV Strasbourg-Paris de 7h19 a déraillé ce jeudi 5 mars vers 7h45 à Ingenheim, près de Hochfelden (Bas-Rhin), suite à un affaissement de terrain. Le conducteur est en urgence absolue, 21 personnes sont plus légèrement blessées. 

Le TGV Strasbourg-Paris, parti ce jeudi 5 mars à 7h19 de la gare centrale de Strasbourg avec 348 passagers à bord a déraillé vers 7h45 entre Ingenheim et Saessolsheim (Bas-Rhin). Les quatre voitures de tête sont sorties des rails. Après un très violent freinage, le train a réussi à s'immobiliser, penché mais non couché.

Tout a volé, les ordinateurs, les bagages.
- Christophe Roth, passager


Au moment de l'accident, Christophe Roth, passager dans la voiture de tête, de retour du bar, venait de se rasseoir. Il a raconté à France 3 Alsace avoir ressenti un énorme choc. "Tout a volé, mon café, mon croissant, les ordinateurs, les bagages. Tout a commencé à trembler, les vitres se sont fissurées et ont explosé, et on a compris qu'on n'était plus sur les rails." Christophe Roth a aussi entendu le ballast voler et "taper sur les vitres." 
 

1,6 kilomètres de distance de freinage


Une autre passagère, Aude Guébels, assise dans l'une des voitures en queue de train, qui n'ont pas déraillé, a vu "les vitres se fissurer" et plusieurs personnes "faire des malaises" à côté d'elle. 

Le point d'impact, vraisemblablement avec de la terre d'un talus effondré sur la voie, s'est produit dans une courbe, alors que le train était lancé à une vitesse de 292 kilomètres à l'heure. Le TGV a encore parcouru 1,6 kilomètre avant de s'arrêter. "Le conducteur a réussi à actionner le dispositif de freinage d'urgence afin de mettre en sécurité les voyageurs", a indiqué, Dominique Schuffenecker, directeur de cabinet de la préfète du Bas-Rhin.

Alexandre Sergeant était parmi les passagers : "On a senti une légère secousse et tout d’un coup on a senti que le train allait dans le gravier et commençait à se pencher, ça a été assez long l’arrêt comme le TGV était à pleine vitesse et à la fin on a eu peur qu’il se couche sur le voies."

Un temps de freinage qui a semblé interminable à Christophe Roth, "15 secondes, peut-être bien plus." Le train a enfin pu s'immobiliser, penché mais non couché, à l'immense soulagement des passagers. 
  
Dans la rame de tête se trouvaient de nombreux cheminots, qui se rendaient à une réunion à Paris. Rapidement, "ils ont mis les gilets et pris les choses en main" , raconte Christophe Roth. Ils ont fait le tour des rames, pour informer au mieux les voyageurs. 
 


Un blessé grave et 21 personnes en urgence relative


Le conducteur du train, en urgence absolue, a été évacué par hélicoptère Dragon 67 vers l'hôpital de Strasbourg-Hautepierre. Il souffrirait d'une perforation pulmonaire et d'une fracture de la clavicule. Par ailleurs, un nouveau bilan provisoire fait état de 21 blessés en urgence relative, passagers et contrôleurs.

[Le conducteur] s'est comporté de manière admirable, en grand professionnel
- Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, le 5 mars 2020


"Le conducteur est assez gravement blessé parce qu’il a subi un choc sur son thorax. Il s’est comporté de manière admirable, en grand professionnel puisque je pense qu’il n’a pas vu arriver le choc, par contre une fois qu’il a subi le choc, il a posé toutes les mesures de sécurité, de sécurisation de son train, donc c’est absolument remarquable", a réagi Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF lors d'une conférence de presse dans l'après-midi à Ingenheim, quelques heures après l'accident.
 

Le plan nombreuses victimes activé

111 sapeurs-pompiers, 12 agents du Samu et 58 engins sont mobilisés pour porter secours aux victimes. 102 gendarmes sont également mobilisés pour sécuriser les lieux et faire les constatations nécessaires à l'enquête ouverte par le parquet de Strasbourg pour blessures involontaires. Une cellule d'urgence médico-psychologique a été déployée sur place.

La préfecture du Bas-Rhin a activé le plan nombreuses victimes (NOVI). Un centre opérationnel départemental est également activé en préfecture pour coordonner les opérations de secours. Les passagers indemnes sont reconduits à Strasbourg en bus. Un centre d’accueil a été ouvert dans la salle communale d’Ingenheim pour prendre en charge les passagers du train, où il peuvent bénéficier de l’accompagnement de la cellule d’urgence médico-psychologique.

Plusieurs bus sont mobilisés par la SNCF pour ensuite les évacuer vers Strasbourg. Un accueil spécifique leur est dédié en gare de Strasbourg. Un train spécial est également affrété par la SNCF pour permettre à ceux qui le souhaitent de rejoindre Paris.

 


Le trafic ferroviaire fortement perturbé

Le trafic a été interrompu dans les deux sens sur la ligne LGV. Les TGV Strasbourg-Paris sont maintenus, et déportés sur la ligne classique Vendenheim-Baudrecourt, et regagnent la ligne grande vitesse au-delà. Sur son site internet, la SNCF annonce des retards de 30 à 40 minutes pour les TGV en direction de Paris, et jusqu'à une heure et demie de retard ce jeudi matin 5 mars pour les TGV en provenance de Paris ou de Bruxelles. Pas d'incidence en revanche sur le trafic TER. 

La route départementale 667 est coupée, pour permettre l’intervention des secours. La préfecture demande à la population d'éviter le secteur afin de laisser la priorité aux véhicules de secours. L’ensemble des passagers a pu être évacué en bus vers l’espace « urgence accident » de la SNCF en gare de Strasbourg. Un train spécial a été affrété par la SNCF en début d'après-midi pour permettre à ceux qui le souhaitent de rejoindre Paris.
 
 

Des voie impraticables pendant plusieurs jours

Des moyens de levage sont en cours d’acheminement pour évacuer le train par les rails. Il faudra plusieurs jours pour rétablir la circulation par les voies concernées par l’accident selon la SNCF. "L’offre de transport va être bien sûr revu, puisque la voie est bouchée pendant un certain temps, le temps que les enquêtes se fassent. Les enquêtes ont été diligentées par les pouvoirs publics et par nous-mêmes, pour bien comprendre tout ce qui s’est passé, pour en tirer les leçons et pouvoir anticiper ce genre de choses, si c’est possible", a expliqué Jean-Pierre Farandou, lors de la conférence de presse.
 

Plan de transport modifié

Il a aussi rappelé que ce talus est surveillé et qu'il est très récent, puisqu'il fait partie du nouveau tronçon à grande vitesse mis en service le 3 juillet 2016. Le matin du 5 mars 2020, cinq trains sont passés juste avant celui-ci. "Le plan de transport sera ajusté. On peut passer par la ligne classique pendant quelques jours, il y a des solutions de secours. La ligne nouvelle n’est pas utilisable pendant quelques jours je pense, je ne peux pas encore dire pour combien de temps. Mais on peut passer par la ligne classique, ça prendra plus de temps mais on sera capable d’offrir des trains pour tous les habitants du Grand Est et vers Paris.", a précisé le PDG de la SNCF. 
 
 
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