Plus connu sous le nom de Dédé d’Ostwald, Daniel est chanteur de rue et tourneur d’orgue de barbarie à Strasbourg depuis 23 ans. Il nous raconte comment cet instrument est entré dans sa vie mouvementée et pourquoi chanter dans la rue est devenu indispensable.
Les Strasbourgeois habitués du centre-ville le connaissent depuis longtemps. Dédé d’Ostwald interprète des classiques de la chanson au rythme de son orgue de barbarie depuis 23 ans, dans les rues de la capitale alsacienne. Daniel a bientôt 70 ans et une vie remplie et mouvementée. Il a trouvé une forme de sérénité en chantant dans la rue.
Daniel a eu plusieurs vies. Tout d’abord 15 ans au treizième régiment de dragons parachutistes, intégré aux forces spéciales de l’armée française. Il a exercé durant quelques années en tant que commercial pour vendre des cuisines. Daniel a aussi été policier à Strasbourg pendant 10 ans. Il a été finalement chauffeur de poids lourds durant les dix dernières années de sa carrière professionnelle. Dans cette vie parfois décousue, chanter va confirmer une vocation et apporter bien-être et stabilité.
La musique de rue en remède
Dédé d’Ostwald est discret sur sa vie, mais il admet volontiers qu’il y a eu des moments difficiles. Il y a 23 ans, privés de son permis de conduire durant trois mois, il décide avec l’aide de sa fille d’acquérir un orgue de barbarie pour chanter. "J’aimais chanter, mais je n’étais pas musicien, l’orgue de barbarie, c'était la facilité", nous explique Daniel. Il a acheté son orgue à Mirecourt près d’Epinal avec 10 cartes perforées. Sa fille l’a poussé à chanter dans la rue devant du public. "Ma première chanson, c’était Mon Amant de Saint-Jean, devant la cathédrale. Je voulais attendre qu’il n’y ait plus personne pour chanter, ça semblait impossible", se souvient Daniel.
Un besoin vital
Dès qu’il fait beau, Dédé sort son orgue et interprète des chansons de Piaf, Montand, Barbara, mais aussi quelques classiques américains ou allemands pour les touristes. Il maîtrise un répertoire d’une centaine de chansons. Daniel a besoin de sortir, rencontrer du monde dans la rue, il ne joue pas devant des terrasses de restaurants, son but est de partager du plaisir : "Je joue deux ou trois heures maximum, je rentre chez moi vidé parce que je donne tout". Ce qu’il gagne lui sert à financer des voyages à pied, son autre passion. L’année dernière, il a réalisé le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.1600 kilomètre à pied.
