VIDÉO. "Restes humains africains" : l'Université de Strasbourg s'engage à un devoir d'inventaire de ses collections

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Une trentaine de crânes et d'autres restes humains africains prélevés durant l'époque coloniale allemande en Namibie et en Tanzanie, et conservés à l'Université de Strasbourg ont fait l'objet d'une demande de restitution
L'université de Strasbourg s'engage à restituer des restes humains issus de la colonisation allemande il y a 120 ans. ©France Télévisions

L'Université de Strasbourg a annoncé lundi 26 juin qu'elle allait faire un inventaire précis des "collections de restes humains africains" stockés dans ces réserves. Des ossements notamment, collectés au début du 20ᵉ siècle en Namibie et en Tanzanie. Plus de cent ans plus tard, des demandes de restitutions obligent à revisiter ce passé.

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L'Université de Strasbourg (Unistra a été destinataire de deux demandes de restitution de restes humains qu'elle conserve dans ses collections.

L'une émane de la province de Moshi, en Tanzanie, et concerne les tribus Wachagga. La seconde provient d'une fondation namibienne, et elle porte sur des prélèvements effectués par les troupes impériales allemandes contre les Ovaherero et les Ovambanderu, lors d'un génocide perpétré en 1904.

Aujourd'hui, plus d'un siècle plus tard, l'Unistra s'engage dans un long processus d'identification et d'inventaire, afin de pouvoir répondre à ces demandes de restitution. Des crânes, différents ossements, mais aussi des organes conservés dans du formol et des morceaux de peau. 

Prouver l'infériorité de certaines populations

L'étude que va mener l'Université de Strasbourg va durer plusieurs mois, peut-être un an et demi, précise Mathieu Schneider, vice-président de l'UNISTRA. Car "il faudra replonger dans les méandres d'une histoire coloniale particulièrement brutale et cynique. "

"Il y a une double logique, explique Odile Goerg, professeur émérite d'histoire de l'Afrique à l'Université de Paris-Cité. D'une part, une logique anthropologique, médicale, qui va prouver l'infériorité des populations africaines, en tout cas selon la logique occidentale. Et d'autre part, ce que certains ont appelé un biopouvoir, c’est-à-dire un pouvoir sur des corps que l'on domine, que l'on va donc extraire de leur contexte, et que l'on va priver des rituels auxquels ils ont droit dans leur propre société".

Les archives de l'époque, conservées également par l'Unistra, confirment ce schéma de pensée. On y retrouve des correspondances où des responsables de musées et des chercheurs "passent commande" auprès de militaires pour leurs travaux, visant à démontrer l'inégalité raciale entre "civilisés" et "primitifs". Le but ultime étant d'empêcher à tout prix les mariages mixtes, qui porteraient en eux le ferment d'une dégénération raciale du peuple allemand. 

Dans l'attente d'un cadre législatif

L'Université de Strasbourg a nommé un comité scientifique afin de faire la lumière sur ce dossier. "Évidemment, s’il y a des demandes concernant des restes humains qui sont faites, nous ne devons pas aujourd'hui les laisser sans réponse. C'est la responsabilité des établissements publics, à partir du moment où le cadre réglementaire existe, de faire droit à ces demandes" affirme Mathieu Schneider.

Mais le cadre réglementaire, justement, prévoit que les restitutions sont possibles uniquement si les États en font la demande. Ce n'est pas le cas, pour l'instant, en ce qui concerne les restes humains réclamés auprès de l'Unistra. 

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