Strasbourg - Grève à l'hôpital : "Il va falloir compter nos morts cet été" alerte un médecin urgentistes des HUS

A 5 jours des législatives, neuf organisations syndicales, lancent ce mardi 7 juin 2022 un appel à la mobilisation pour alerter sur l'état des urgences en France. En Alsace, Sébastien Harscoat, médecin urgentiste aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg s’inquiète tout particulièrement pour l’été qui arrive

La fièvre monte à l'hôpital. Pas assez de bras, de temps, d'argent, de moyens et de fatigue qui ne cesse de s’accumuler. Au bout du rouleau, les personnels soignants font à nouveau grève ce mardi 7 juin 2022, répondant à l’appel de neuf organisations syndicales..

Faisant fi de leur droit de réserve, certains médecins montent au créneau pour alerter la population que les choses vont mal à l’hôpital. C’est le cas de Sébastien Harscoat, médecin urgentiste aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg.

Dans quel état sont les urgences aujourd’hui ?  

Les urgences sont surtout le symptôme de l’hôpital. C’est surtout cela qu’il faut comprendre. Ca n’est pas qu’une crise des urgences. C’est une crise bien plus profonde de l’ensemble du système hospitalier. Elle n’est pas que locale, elle est nationale.

On arrive vraiment au bout d’un système. Il y a clairement un retard de prise en charge des patients. Il y a des pertes de chances qui sont effectives. On dit qu’il va falloir compter nos morts cet été. Je pense que c’est une vraie réalité.  

Vous craignez de ne plus pouvoir soigner vos patients ?  

C’est déjà le cas. On discute régulièrement avec nos confrères en médecine interne ou d’autres spécialités. Les filières coincent. Nos collègues de néphrologie nous disent qu’ils ont du mal à prendre en charge des gens programmés en dialyse. Dans le soin programmé, on a du mal. Dans le soin non programmé et les urgences, on a des difficultés.

Moi ce qui m’inquiète le plus c’est que l’appel au SAMU, qui va être surchargé, ne pourra pas gérer toutes les situations. A un moment donné, une douleur abdominale, cela a besoin d’être examiné, d’être pris en charge. Cet accès aux soins, on ne pourra pas le limiter uniquement aux urgences vitales.

Une autre chose qui nous inquiète aussi c’est que partout, en France, et ici, toutes les urgences sont touchées : Mulhouse est en difficulté, Colmar demande des renforts, Sélestat annonce qu’elle ne pourra pas assurer toutes les gardes et toutes les nuits, idem pour Haguenau. Cela touche toute la région. La situation est critique.  

Emmanuel Macron annonce une mission d’information d’un mois sur les urgences. Est-ce que cela peut déboucher sur quelque chose ?  

Je le vois comme une façon de botter en touche et de faire encore une fois de la communication. Le rapport sénatorial Jomier dit très bien les problématiques et propose des solutions. Clairement, cela ne solutionnera rien du tout. Il vaut mieux être dans l’action plutôt que de demander à nouveau un nième rapport.  

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