À Herrlisheim (Bas-Rhin), Matthieu Pfaadt teste une méthode innovante d'irrigation pour deux hectares de ses parcelles de maïs : le goutte-à-goutte de surface. Une méthode plus efficiente, plus économe en main d'œuvre, optimale pour des parcelles de petite taille.
À Herrlisheim, Matthieu Pfaadt est en période expérimentale. En mai 2023, il décide d'acquérir un goutte-à-goutte de surface pour irriguer deux hectares de maïs. Comprenez : un système d'irrigation, au pied de la plante, comme en "perfusion".
"C'est mieux. Tous les endroits de la parcelle sont irrigués, de manière uniforme. Avec une irrigation par enrouleur traditionnel, il y a toujours des endroits où l'eau n'arrive pas, à cause de l'évaporation ou du vent, par exemple", constate-t-il après presque deux ans de test.
Un conduit principal est disposé le long de la largeur du champ, tandis que des gaines espacées d'un mètre cinquante parcourent les rangs de maïs. Sur ces gaines se trouvent des goutteurs placés tous les 30 centimètres qui débitent à 0,7 litre par heure.
Une irrigation plus efficiente
Cet investissement, entre 400 et 500 euros par année, représente aussi une économie d'énergie. "Une fois que c'est installé, il n'y a plus qu'à appuyer sur un bouton. C'est autonome."
Le hic, c'est l'installation du dispositif. Pour Gérard Lorber, président du syndicat des irrigants du Bas-Rhin, c'est le frein principal au développement de cette méthode d'irrigation. Il faut plus de 6 000 mètres de gaines pour couvrir un hectare. "La technique est intéressante mais la mise en œuvre peut être compliquée. Surtout pour des parcelles plus grandes." Tous les ans, il faut dérouler le dispositif, puis le ranger à la fin de la récolte. Matthieu Pfaadt, pour ses deux hectares, a mis près de trois heures à installer ses gaines. Rien de dérangeant pour lui, étant donné le gain de temps pour la suite. "Les enrouleurs, il fallait les déplacer presque tous les jours."
La chambre d'agriculture du Bas-Rhin rejoint l'expérience de Matthieu Pfaadt un an plus tard. Des outils de pilotage ont été ajoutés au dispositif, de sorte à pouvoir contrôler les rendements, le comportement de la plante, le débit d'eau, et autres métriques. Mais en s'arrêtant sur 2024, elle a choisi la mauvaise année. "Il a tellement plu cette année que le goutte-à-goutte n'a été utilisé qu'une ou deux fois." Pas assez pour obtenir des résultats concluants.
Une méthode d'avenir ?
Toujours est-il que ça intéresse. "Je reçois des demandes d'agriculteurs intrigués par cette méthode plus économe en énergie, plus efficiente." Qui dit efficience sous-entend moins d'eau gaspillée, donc moins d'eau nécessaire. De quoi peut-être rassurer les détracteurs de la culture intensive du maïs en Alsace, cette plante qui a besoin d'eau au moment de l'année où les particuliers n'ont pas le droit d'arroser leurs jardins en journée. À la chambre d'agriculture, c'est réfléchi. "L'eau est une question importante. Elle le deviendra de plus en plus. Il faut faire dans l'économie", reconnaît Patrice Denis, conseiller en irrigation.
En tout cas, Matthieu Pfaadt est conquis. Projet à venir : du goutte-à-goutte de surface pour une autre parcelle, de huit hectares cette fois-ci. Mais ces tests représentent un coût supplémentaire alors tout va dépendre du bilan financier 2024, qui ne s'annonce pas bon.