Le métier du bâtiment se modernise avec le développement d'entreprises spécialisées dans le drone. Elles facilitent le travail parfois dangereux et difficile des artisans. L'entreprise ardennaise d'Emmanuel Miard en est un exemple.
"Ce n'est pas bête, il fallait y penser !" C'était la réaction la plus entendue ce week-end des 11 et 12 novembre au Salon de l'habitat à Reims, devant le stand d'Emmanuel Miard, concepteur de drones.
Il y a quatre ans, ce chef d'entreprise décide de se lancer dans une aventure un peu originale : proposer aux professionnels comme aux particuliers des services pour nettoyer les façades, démousser les toits ou encore entretenir les vitres...et tout cela par drones. "Avec le drone, on se rend compte qu'on peut tout faire, mais c'est important de se spécialiser, c'est un domaine pointu… Il y a de nombreuses entreprises comme la mienne qui se créent, mais ne durent que quelques mois parce qu'elles proposent beaucoup de choses en même temps", confie-t-il.
Facilité et sécurité
Cette spécialisation dans le bâtiment permet de répondre à des problématiques et des besoins concrets de praticité et de sécurité. "Le démoussage d’une toiture peut être difficile pour un couvreur, très souvent il préfère le gros œuvre. Avec le drone, ces ouvriers sont débarrassés de cette tâche", raconte l'entrepreneur. "Et puis, en termes de sécurité, c'est beaucoup mieux, vous n'avez personne sur le toit, donc plus de chute et donc pas d'accident".
Grâce à des drones réglementés, les travaux sont alors réalisés plus facilement et plus rapidement. Les drones sont adaptés à la mission : ils n'ont pas la même taille ni le même poids lors d'une pulvérisation ou lors d'une rénovation d'un édifice religieux où il faut déplacer des pierres de 100 kilos environ. Un drone habituel peut soulever entre 500 grammes et 25 kilos, les drones plus imposants comme l'Octopus "sont des drones très techniques qui peuvent soulever jusqu'à 250 kilos, ils ont une très forte capacité d'emport et ont plusieurs applicatifs comme le bâtiment, la lutte d'incendies en forêts...", précise Arnaud Gilotin, Président d'Artech'group.
VIDÉO : le nettoyage du clocher d'une église avec l'assistance d'un drone qui émet du produit sur le clocher
Une méthode qui a un impact positif sur la facture du client. "Il n'y a pas autant de frais d'assurance par exemple parce qu'il y a moins de dangers pour les artisans et il n'y a pas tous les coûts liés aux échafaudages, aux nacelles". Le développement de drones est onéreux, mais plus facilement amortissable, selon lui.
Pour faire ce métier, il faut un diplôme professionnel de télé pilote. "C'est un vrai métier, pas un jeu. On développe des drones et des techniques pour évoluer tous les 3-4 mois". Pour l'instant, ils ne sont que deux dans l'entreprise ardennaise, mais avec le partenariat conclu très récemment avec la société Artech'drone, ils ont l'ambition de se développer encore plus au niveau régional et national.
L'aspect technique encore méconnu
Artech'drone, centre de formation agréé pour instruire et qualifier les pilotes de loisirs comme les professionnels, avait développé il y a quelques années un drone pour effectuer des pulvérisations, mais l'idée a vite été abandonnée parce qu'il ne trouvait pas preneur. C'est pendant la foire de Châlons-en-Champagne, en septembre dernier, que la rencontre entre les entreprises s'est provoquée. Le partenariat permettra de développer de plus en plus de drones spécialisés dans le bâtiment.
"Dans notre société, nous avons la Artech'Academy pour former des pilotes et des télépilotes, ça se développe beaucoup !", avoue Arnaud Gilotin. "Le drone est connu pour les photos et vidéos artistiques, mais très peu pour l'aspect technique... On peut former aux nouveaux métiers, mais il faut aussi que l'industrie du bâtiment par exemple, puisse imaginer traiter une façade par drone". Un chemin encore long, mais prospère.