Ce mardi 3 décembre, au Nouveau Relax à Chaumont, avait lieu les premières assises régionales des services publiques du Grand Est. Organisée par la CGT, la journée faisait état d’une situation inquiétante qui démontre une inégalité d’accès aux différents services publiques dans la région, surtout en ruralité, dans les secteurs du transport et de la santé.
Tous les métiers touchés par les économies budgétaires du gouvernement étaient présents : personnels hospitaliers, cheminots, agents territoriaux et industrie. Le but ? Établir un diagnostic de santé de nos services publics en plein bouleversement. Vincent David, le secrétaire général de l’Union départemental CGT Haute-Marne, le rappelle : "Ce sont 300 000 emplois et 250 plans sociaux qui nous guettent dans le pays, dû à une mondialisation, des prêts covids alléchants, une main d’œuvre moins cher ailleurs mais surtout des cadeaux aux patrons". Pour lui, il faut réindustrialiser notre région :
"Il n’y a pas d’industrie sans services publics"
Vincent David, secrétaire général de l’Union départemental CGT Haute-Marne
Comme le rappel Nathalie Bazire, la secrétaire confédérale de la CGT : "Quel industriel voudrait s’installer dans une région où il n’y a pas de services publics ?".L’analyse est la suivante : le Grand Est est une région très rurale où l’on manque cruellement de ces derniers, le territoire a subi de nombreuses fermetures de bureaux de poste, de classes et d’écoles toute entières, l’offre de soin est l’une des plus catastrophique de France donc les industries peinent à recruter une main d’œuvre pour venir travailler et s’installer dans nos campagnes et dans nos villes. Moins il y a d’habitants, moins il y a de services publics, moins il y a d’actifs, c’est un cercle vicieux.
Avec les coupes budgétaires du gouvernement à venir, c’est une économie de 135 millions d’euros pour le Conseil régional, sur un budget total de 4,5 milliards d’euros. Les secteurs directement impactés : la santé et les transports selon Stéphane Buzolini, secrétaire CGT Cheminots Lorraine.
Avec une population vieillissante, plus de 30% des hauts-marnais ont plus de 60 ans, la situation est devenue alarmante pour la santé du département. Stéphane Buzolini prend l’exemple de la maison de santé d’Andelot, entièrement financée par la commune, où certains médecins ont décidé de se déconventionner. Résultat, les habitants d'Andelot doivent décider entre payer pour se faire soigner ou faire des kilomètres pour trouver un nouveau médecin généraliste… Christian Prud’hommes, urgentiste et délégué national de la CGT Santé, ajoute que cette offre de soin pauvre en effectif et en lit n’est pas une nouveauté dans la région : "On n’a de cesse de déclasser les hôpitaux des petites villes, au profit de ceux des métropoles, qui sont en surcharge totale. La méthode est perverse : en proposant des conditions de travail dégradées, on crée la pénurie de médecins et on utilise cet argument pour fermer". Dans les chiffres, la Haute-Marne détient le record du coût du VSL, puisqu’il faut aller à Reims, Nancy ou Dijon pour pouvoir bénéficier de soin, preuve d’un système défaillant.
135 millions d’euros d’économie, cela va aussi se faire sentir sur le transport ferroviaire de la région
Déjà doté d’une des lignes les plus vielles du pays (Ligne 4 Paris-Bâle), ce sont maintenant les services en gares qui sont visés. "Un guichet sur deux va fermer dans les gares. Cela va impacter l’accessibilité et renforcer les inégalités" explique Stéphane Buzolini. Pour compenser la perte, la région devra augmentera de 3% le billet de train. Selon lui, ce sont surtout les gares des petites et moyennes villes du territoire comme Vendeuvre ou encore Bar-sur-Aube qui seront les premières sur la sellette. L’argument reste le même : tous les habitants de la région ne sont déjà pas égaux en termes d’accès aux services publics et la fracture risque de s’intensifier avec les futures coupes budgétaires.