Aspegic, Coversyl, Lacrymel... Dans certaines pharmacies, les médicaments sont en rupture de stock de façon très régulière. Pour les pharmaciens, qui n'arrivent pas à se faire fournir malgré leurs commandes, la France paie la régulation des prix des médicaments imposés par les autorités hexagonales.
Dans une pharmacie de l'agglomération rémoise, en ce jour de mai 2018, 40 références de médicaments manquent à l'appel dans l'officine. De quoi destabiliser bon nombre de clients mais aussi le pharmacien, régulièrement en rupture de stock, et qui ne parvient pas, malgré ses nombreuses commandes à se faire réapprovisionner.
D'après les syndicats de pharmaciens, dont celui de la Marne, ce sont les laboratoires pharmaceutiques qui seraient en cause dans cette pénurie quasi-organisée. Les autorités françaises en effet, via le CEPS, le comité économique des produits de santé, tiennent à réguler le prix des médicaments sur le territoire. La France est donc l'un des pays européens où les médicaments coûtent le moins cher.
"Lorsqu'ils commercialisent un produit, les laboratoires pharmaceutiques ont tout intérêt à le vendre dans un pays ou le médicament est cher, comme l'Allemagne, le Danemrak ou la Suède, explique Pierre Kreit, président du Syndicat des Pharmaciens de la Marne. En France ou au Portugal, le médicament n'est pas cher, donc les laboratoires pharmaceutiques fixent des quotas en fonction de la consommation de l'année passée".
Problème, au fur et à mesure que l'année avance, les quotas finissent par s'épuiser dans les officines françaises et la pénurie s'installe pour certains médicaments. Parfois, les pharmaciens parviennent à remplacer une référence manquante par une autre, mais ce n'est pas toujours le cas. Dans ce cas, les patients repartent bredouille et sont parfois obligés de faire de nombreux kilomètres pour espérer trouver le médicament qu'il leur faut.
"Je pense qu'il faut relancer les négociations entre les pouvoirs publics et les syndicats représentatifs de la profession pour essayer de trouver des solutions avec les laboratories pharmaceutiques, poursuit Pierre Kreit. Aujourd'hui, en France, le CEPS n'arrête pas de baisser autoritairement le prix du médicament, ça fait fuir les laboratoires, qui vendent les produits ailleurs".
Quant à imaginer une harmonisation des prix au niveau européen, le pharmacien n'y croit pas, les niveaux de vie n'étant pas tout à fait égaux au quatre coins des continents.