"Villes et villages fleuris", un label, vieux d'une soixantaine d'années, qui valorise historiquement les communes les plus dotées en floraison. Mais les années ont fait évoluer les critères d'attribution, et la sécheresse risque de totalement changer le but du prix. Illustration dans la Marne.
"Regardez même nos végétaux les plus résistants sont asséchés ! ." Jacqueline Martinval, l'adjointe au maire de Tours-sur-Marne, est dépitée. Son village aux 3 fleurs, ne ressemble pas à celui qui a obtenu ce prix il y a quelques mois. Réservoir et récupération d'eau de pluie, tout était prévu pour tenter de conserver son patrimoine végétal face à la sécheresse. Mais il fallait de la pluie, et les précipitations manquent à l'appel. La nouvelle cuve de 10 mètres cube, destinée à récupérer de l'eau de pluie, devra donc attendre les prochaines averses.
Un label en transformation
La tournée des jurys 2022 a eu lieu entre juin et fin juillet. À quelques semaines près, il aurait été très compliqué de percevoir le réel potentiel des communes candidates. Face au réchauffement climatique, Aurélie Champagnac, chargée de la mission ville et village fleuri dans le Grand Est, a tout prévu pour voir le label survivre. " On préconise aux communes de s’adapter à la gestion environnementale, on les encourage à aller plutôt vers les arbres, les arbustes, les vivaces, ou encore les graminées, car ces plantes se plantent en automne donc peuvent prendre racine tout au long de l’hiver. Elles vont demander moins d’arrosage. Alors que les fleurs annuelles vont être plus gourmandes en eau."
En 1959, lorsque le label a été créé, la floraison en abondance permettait son obtention. Aujourd'hui, tout a changé, ce n'est plus qu'un sixième de l'évaluation. Les 60 critères privilégient la biodiversité et le respect de l'environnement. "La condition principale, c'est d'offrir un cadre agréable aux touristes et habitants. Cela passe par l'évaluation de la gestion environnementale, la récupération de l’eau, la consommation d’énergie, la diminution des éclairages publics, la valorisation des déchets verts par du compostage, mais aussi le paillage des massifs pour réduire la consommation d’eau", complète Aurélie Champagne.
L'adjoint au maire d'Epernay, Jonathan Rodriguez, l'a bien compris. Ses fleurs et plantes sont paillées avec de la fève de cacao, mais surtout, il mise sur d'autres végétations pour conserver les 4 fleurs que sa ville possède depuis 2015. "Un village avec trop de fleurs interpellera le jury. Car cela signifierait qu'on a pas économisé l'eau. Ça pourrait même nous faire perdre le label.". Les 398 communes labellisées de Champagne-Ardenne devront donc, dans les années à venir, être villes et villages écologiques pour rester villes et villages fleuris.