Coronavirus : ma journée dans mon quartier où tout le monde s'apprête à être confiné

Première journée à la maison pour des milliers de familles et pour moi aussi. Au programme : télétravail, cours avec les enfants et petit tour à vélo pour me faire une idée de l'ambiance qui règne dans ma commune d'Ostwald (Bas-Rhin) où les commerces encore ouverts sont dévalisés.

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8 heures ce matin, nous étions prêts. Autour de la table, les tâches se sont organisées entre télétravail et "téléécole". Louis, en CP, avait de nombreux documents papier pour travailler son allemand et Charlotte, en CM2, était en contact avec sa maîtresse via sa boîte mail.

Nous avons travaillé ainsi, quasiment, durant toute la matinée malgré certains problèmes de connection aux plateformes numériques qui se sont réglés depuis.  

Un premier jour à la maison où chacun a dû trouver ses marques, faire quelques efforts aussi pour s'adapter au mieux à la situation qui va durer.

Je suis chef de table - mon fils au moment du repas

Un peu déboussolés par la situation, nos enfants ont assez bien joué le jeu. A midi, c'était "meilleur qu'à la cantine", c'est déjà ça. Chez moi, nous avons décidé de faire classe le matin pour libérer un peu les enfants après le déjeuner (jeux dans le jardin pour se défouler) et pouvoir nous consacrer, un minimum, à notre travail.   

Entre les repas, la sieste et l'enseignement, c'est tendu - ma voisine

De l'autre côté de la palissade, ma voisine et ses trois enfants (son époux est parti travailler) essaye de garder le "rythme école" ce qui n'est pas simple et "dans tout cela je me rends compte qu'il me manque deux, trois choses et je ne sais pas comment et quand aller faire mes courses. Ce soir avec des gants certainement". Du coup on propose l'entraide.

Je laisse entrer par petits groupes pour ne pas créer trop de file à la caisse - le vigile du supermarché

Au supermarché, justement, c'est la cohue. A 14 heures, le vigile m'annonce "il faut attendre ici que certains clients sortent (...) généralement on peut laisser entrer 1.100 personnes mais là c'est pas possible".

Dans les allées de nombreux rayons vides et de nombreux clients venus suite aux informations livrées à la mi-journée : "j'ai entendu dans le journal de 13 heures que le président allait s'exprimer ce soir, alors je reviens acheter d'autres provisions" dit une cliente à la caissière qui me confie que le rythme est soutenu depuis 8 heures : "c'est la folie", du jamais vu.

Nous avons livré 137 repas - La fille des propriétaires d'un restaurant juste à côté de chez moi

Dans mon quartier il y a aussi une pharmacie et deux boulangeries (c'est étrange, oui mais elle sont situées l'une à côté de l'autre) devant lesquels les gens attendent pour être servis.

"Si vous voulez du pain faut revenir dans deux heures (...) Le patron est parti chercher la matière première pour refaire du pain" dit la vendeuse à la dame devant moi. Cette cliente n'est autre que la fille des propriétaires d'un restaurant de ma ville : "on a une visioconférence avec le groupement des restaurateurs du Bas-Rhin dans quelques minutes" me dit la restauratrice désabusée. "Notre personnel est venu travailler ce week-end pour cuire les aliments et ne pas les jeter( ...) Nous avons livré 137 repas aux gens fragiles. Tous ont eu environ 10 plats du jour".

Après ce petit tour d'horizon, je suis rentrée chez moi un peu sonnée par ce que j'ai vu. Une situation qui va encore évoluer dans les prochaines heures. Nous allons télétravailler et faire cours à la maison pendant quelques semaines, comme vous tous, c'est certain. Tous les journalistes de la cellule "web" vous informeront depuis chez eux. En attendant, nous allons nous remettre un peu à la lecture avec les enfants pour qui le temps va être très très long.
 



 

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