Couvre-feu avancé : "demi-mesure", "insuffisante" ou "à côté de la plaque" pour les élus du Grand Est

Olivier Véran, le Ministre de la santé, a proposé  mardi 29 décembre 2020 l'extension des horaires du couvre-feu aux vingt départements où le virus circule le plus activement. Les politiques du Grand Est estiment que la mesure n’est pas à la hauteur.

"Nous allons proposer une extension du couvre-feu, qui au lieu de démarrer à 20h00, démarrera à 18h00 dans l'ensemble des territoires dans lesquels ça s'avèrera nécessaire", a expliqué le Ministre de la santé hier soir sur le plateau du 20h de France2.
Tout le Grand Est est concerné à l’exception du Bas-Rhin et de la Côte d’or. Plus quelques départements du sud (Allier, Ardèche, Hautes-Alpes et Alpes-Maritimes).
La mesure, proposée à partir du 2 janvier et qui ne sera pas automatique mais appliquée par département, sera entérinée après concertation des exécutifs locaux.
Les commerces devront avancer leurs horaires de fermeture et il y aura des dérogations pour les lycéens qui rentrent de cours et les personnes qui travaillent, précise la Préfecture de région.

"On regarde encore une fois le train passer", affirme le président de la région Grand Est dans la presse. Jean Rottner, qui est aussi médecin, plaidait pour un confinement court et regrette qu'il faille attendre le passage du Nouvel an pour appliquer ce couvre-feu.
Tout comme le maire de Nancy, qui militait, avec celui de Reims, pour des mesures rapides pour endiguer l’épidémie. Mathieu Klein s’est exprimé dès hier sur les réseaux sociaux: "Le couvre-feu est une mesure tardive, qui risque de s’avérer insuffisante".
Valérie Beausert-Leick, la présidente (PS) du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, est sceptique: " j’ai l’impression que c’est plutôt une demi-mesure, que ce n’est pas vraiment un choix. Et je ne suis pas certaine du tout que deux heures de couvre-feu supplémentaires soient si pertinentes que ça pour enrayer cette chaîne pandémique...le Gouvernement aurait dû aussi se baser sur ce qui s'est passé dans d'autres pays et d'autres villes qui ont été reconfinées très lourdement mais de façon localisée et court dans le temps."

Des mesures "à côté de la plaque" pour le maire de Metz

Voix discordante : le maire LR de Metz qui pointait surtout les effets néfastes d’un nouveau confinement ces derniers jours. La conclusion de François Grosdidier n’est ce matin finalement pas si éloignée de celle des autres élus. "Avancer le couvre-feu à 18 heures ne présente aucun avantage et que des inconvénients : Cela ne bloquera pas l’épidémie mais condamnera plus sûrement toujours les mêmes, notamment les commerces et la culture", affirme-t-il ce mercredi 30 décembre 2020 sur son compte Facebook. Il ajoute: "L’épidémie se répand aujourd’hui surtout dans la sphère privée. Ce sera encore plus vrai au réveillon. Là, les pouvoirs publics n’ont aucune prise. Alors, ils actionnent des leviers inopérants pour donner le sentiment de faire quelque chose quand même."
François Grosdidier demande surtout que les régions les plus touchées comme le Grand Est soient prioritaires sur la vaccination.

Le soulagement des commerçants

Pour les commerçants, ce n’est pas une bonne nouvelle mais ça aurait pu être bien pire. Sébastien Duchowiscz, le président des Vitrines de Nancy, redoutait un confinement total. Il est donc plutôt soulagé. "On va essayer de préconiser aux commerçants d’ouvrir entre midi, de faire du non-stop entre 10h et 18h. Même plus tôt dans certains secteurs. On fera également une demande à la Préfecture pour ouvrir tous les dimanches de janvier".
Mais il prévient : "ça serait inconcevable pour nous qu’on puisse être confinés dans une dizaine de jours."

Une "croissance continue"  de l’épidémie

La préfète de la Région Grand Est et l’Agence régionale de santé tenaient une conférence de presse en fin de matinée. Josiane Chevalier exhorte à "passer des fêtes raisonnables" en insistant sur le fait que la soirée du 31 décembre sera "sous haute surveillance". Elle assène : "le meilleur moyen de respecter le travail des soignants c’est d’être raisonnable".

L’Agence régionale de la santé rappelle que près de 12.000 nouveaux cas de Covid ont été enregistrés sur une semaine dans le Grand Est. Pour la grande région, le taux d’incidence en population générale (nouveaux cas rapportés à la population globale) est de 200 contre 126 au niveau national. Virginie Cayré, la directrice générale de l'ARS, a précisé que la vaccination débuterait dès lundi dans une trentaine de site pilotes de la Région Grand Est. A partir du 11 puis du 15 janvier, elle sera étendue à l’ensemble des Ehpad et unités de soins de longue durée. 

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