Confinement : recrudescence des agressions envers les pharmaciens, "les gens évacuent leurs tensions sur nous"

Échanges verbaux tendus, insultes, et même parfois agressions physiques, ces actes se multiplient désormais dans les officines. Les pharmaciens du Grand Est n'échappent pas au phénomène. Les actes de violence à leur égard ont doublé depuis un an.

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Autrefois considérés comme des notables, nos pharmaciens sont-ils toujours autant respectés ? Selon les dernières statistiques de l’Ordre des pharmaciens pour ce mois d’avril 2021, le constat est terrible. Les déclarations d’agression ont doublé l’année dernière, passant de 293 en 2019 à 578 en 2020.

Faire face à un public tendu

Agressions verbales, présentoirs renversés, bousculades ou insultes... Difficile d'imaginer que ces scènes se déroulent dans une pharmacie. Et pourtant, dès le début de la crise sanitaire, ces actes d’agression sont montés crescendo. En mars 2020, la profession est chargée de distribuer les équipements médicaux : masques, gants, blouses, gel hydroalcoolique. Mais en début de pandémie, il manque de tout. Et ceux qui sont en première ligne, face au public, ce sont les pharmaciens.

"Les pharmaciens commencent en avoir par-dessus la tête. Avant, on avait du vol à l’étalage ou des cambriolages", nous explique René Paulus, président de l’Ordre des pharmaciens du Grand Est. "Aujourd’hui, l’anxiété des gens est maximale. Il y a une grosse attente de la part de la population, d'abord avec les masques, après avec les vaccins ou les tests. Nous avons une mission de santé publique et quand vous savez que vous ne pouvez pas la remplir, c’est démoralisant. La situation devient déplorable. Il y a aussi l’épuisement, certains de mes confrères sont dans une fatigue extrême. En plus, on se fait régulièrement engueuler, car un médicament n’est pas disponible immédiatement ou pour un conseil qui ne plaît pas au client et puis ça dégénère."

A la tête de la pharmacie située boulevard Scarpone à Nancy (Meurthe-et-Moselle), Frédéric Charon a vécu des situations qui ont dégénérés à plusieurs reprises. La plus ahurissante est celle face à une jeune femme. Elle se présente à son comptoir avec une fausse ordonnance en demandant des antibiotiques, il refuse et se fait cracher dessus. Un échange de gifles s’en suit.

"Avant, c’étaient des incivilités. Depuis un an, ça a pris une autre dimension"... nous confie le pharmacien. "J’ai eu dernièrement un client régulier, son ordonnance n’était pas en règle, j’ai eu droit à " t’as que te la foutre dans le c...". Il s’est excusé par la suite mais il faut que quelqu’un prenne. Les gens évacuent leurs tensions sur nous."

A Strasbourg (Bas Rhin), dans sa pharmacie, Philippe Schnee n’a pas eu des cas d’agressions physiques mais parfois, ce n’est pas passé loin. "J’ai eu récemment un quinquagénaire, à qui j’ai refusé de délivrer un médicament pour un problème d’ordonnance", se souvient le gérant de la Pharmacie du Corbeau. "Il a refusé de partir en monopolisant mon comptoir pendant une heure. J’ai de la chance, on n’en est pas arrivé aux mains, mais c’était... très très compliqué. Les gens commencent à péter les plombs et ça peut partir au clash très vite."

Numéro vert pour aider les pharmaciens

Un dispositif d’aide et d’orientation des pharmaciens a été mis en place au niveau national. Ce numéro vert 0800 73 69 59 accessible 7 jour sur 7, a été créé pour aider les pharmaciens en détresse psychologique. Des confrères, anonymes, assurent la permanence. Depuis la semaine dernière, ce dispositif est également élargi aux étudiants en pharmacie.

L’Ordre des pharmaciens conseille aux officines de porter plainte en cas d’agression.

 

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