Dépôts sauvages : "A peine on nettoie, ça recommence", témoigne un Alsacien excédé

C'est un triste spectacle qui se répète : des déchets de toutes sortes s'accumulent dans la nature. Le problème a beaucoup fait parler de lui cet été lorsque le maire de Signes (Var) est mort en tentant d'empêcher un dépôt sauvage de gravats. L'Alsace est également concernée et le fléau s'aggrave.

Gravats, poubelles, vitres, pneus, matelas et même canapés... Les déchets jetés dans la nature ont tous les profils et seraient même en augmentation ces dernières années. C'est en tout cas le constat dressé par les gardes-champêtres de la Brigade verte, dans le secteur d'Hagenthal-le-Bas (Haut-Rhin). Ils patrouillent tous les jours pour couvrir les 48 communes dont ils s'occupent : "Actuellement, on recense environ 200 dépôts sur l'année, il y a cinq ans, on était plutôt sur 130 ou 140 dans notre secteur", explique Patrick Simon. 
 


Une aggravation de la situation qu'il attribue notamment aux "changements de systèmes de pesée" mis en place depuis quelques temps dans les communes et les communautés de communes. "Ces systèmes sont une bonne chose mais ils ont aussi poussé certains à adopter de mauvais comportements. Les gens payent au kilo, donc pour économiser, certains se débarrassent de leurs déchets dans la nature".
 

La Suisse, pas si responsable

Dans environ un cas sur quatre, la Brigade verte parvient à identifier les coupables des dépôts sauvages. Pour cela, elle fouille et remue les détritus déposés, ouvre chaque sac et soulève ce qui peut l'être. Dans ce coin du Sundgau, la moitié des déchets environ provient de Suisse, comme ces sacs en plastiques remplis d'objets en tout genre que Patrick Simon et sa collègue Elodie Wisselmann perforent sous nos yeux et dont ils trouvent l'origine grâce à une adresse inscrite à deux reprises sur des papiers. 

"En Suisse, c’est plus cher. Il faut payer pour se débarrasser de ses déchets alors parfois, c’est bien plus simple de les jeter ici et de repartir ni vu ni connu", peste Thomas Zeller, le maire d'Hégenheim. Pour les auteurs de cette infraction, l'amende risque d'être salée : "elle peut monter jusqu'à 1.500 euros et même être multipliée par cinq lorsque les mis en cause sont des entreprises", assurent les gardes-champêtres. 
 

Une facture de 4.680 euros 

En attendant, certains propriétaires, comme Alain Trapp, sont en colère et perdent patience. Cet habitant d'Hégenheim retrouve systématiquement des déchets sur son terrain, une parcelle de végétation sauvage qui faisait le bonheur des animaux et des insectes et qu'il a dû en partie défricher pour accéder aux 800 kilos de pneus et 400 kilos de vitres déposés chez lui en 2017. L'entreprise à laquelle il a dû faire appel pour cela a travaillé "85 heures avec cinq employés et des machines, rien que pour permettre l'accès aux déchets afin de les retirer". Résultat : une facture de 4.680 euros.
 

Et à peine le dépôt enlevé, d'autres sont apparus. "Heureusement, la commune et la communauté de communes m'ont apporté une aide matérielle pour évacuer tout cela et la Brigade verte m'a autorisé à amener les pneus à la déchetterie, sinon j'aurais dû payer bien plus encore", souffle-t-il. "C'est une histoire sans fin. C'est une honte !"

Fin décembre 2019, une vingtaine de bénévoles d'une association créée il y a peu à Hégenheim l'ont soutenu en nettoyant avec lui le terrain pendant une journée entière. Et ces "Anges Verts" ont du travail : chaque semaine, ils passent au crible une zone de la commune pour la remettre en état et "quelques jours plus tard, c'est comme si on n'avait rien fait", se désole Jacky Goetschy, le président de l'association, malgré tout persuadé de l'importance de ces initiatives citoyennes pour combattre le fléau des dépôts sauvages. 
 
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