En seulement 10 ans, le nombre de retraités vivant sous le seuil de pauvreté a été multiplié par quatre en Alsace. Des seniors contraints de chercher de l’aide au sein d’associations, comme les Restos du cœur.
 

Tous les jeudis après-midi, c’est le même rituel pour Astrid Chauvin. La septuagénaire prépare son cabas, sort de chez elle, marche quelques minutes avant d’arriver aux Restos du cœur, à Reichstett. Cela fait 3 ans qu’elle se rend à l’association pour y trouver de l’aide alimentaire. « J’économise entre 200 et 220€ par mois grâce aux Restos du cœur. C’est énorme ! Cela me permet de payer mon loyer et mes charges dans les temps ».

A 71 ans, Astrid Chauvin touche 1050€ de retraite. Or son loyer s’élève à 800€, charges comprises. Après son divorce il y a 10 ans, Astrid Chauvin n’a pu se résoudre à quitter son appartement. Cela fait maintenant 27 ans qu’elle vit dans son trois-pièces. Alors, elle a trouvé une solution : elle loue une chambre, ce qui lui rapporte 310€ par mois. Une fois les dépenses fixes payées, il lui reste 200€ pour vivre. Une situation qui la contraint à aucun loisir, aucun extra. L’été dernier, elle a tout de même pu partir en vacances une semaine, à La Baule. Là encore, elle remercie les Restos du cœur qui ont organisé le voyage, demandant la somme de 80€ à chaque participant.

Pour Astrid Chauvin, qui a économisé pendant plusieurs mois et payé en trois fois, cette semaine a été une véritable bulle d’oxygène. « Nous avons mangé deux fois au restaurant tous ensemble, c’était super ! J’ai rencontré des personnes qui ont les mêmes problèmes que moi. Cela m’a permis de me sentir moins seule et de tisser des liens », raconte la septuagénaire. Aux Restos du cœur de Reichstett, les bénévoles constatent que de plus en plus de personnes âgées frappent à leur porte. « Et encore, nous sommes un petit centre, avec 125 familles bénéficiaires. Mais ces dernières années, nous avons effectivement davantage de retraités », explique Fabienne Beteta, bénévole.

En Alsace, on compte 4 fois plus de retraités précaires qu’il y a 10 ans. La faute à Balladur, selon Jean-Marie Schiffli, président de Caritas Alsace. « Avant, le calcul du montant de la retraite se faisait sur les 10 meilleures années. Depuis la réforme, il se fait sur les 25 meilleures années. De plus, beaucoup de personnes qui prennent leur retraite aujourd’hui ont connu des périodes de chômage. 1 an, 2 ans, 5 ans sans travailler, ce sont autant d’années qui ne comptent pas pour la retraite ! », s’exclame Jean-Marie Schiffli. Au sein de Caritas Alsace, 10% des 40 000 personnes accompagnées ont plus de 60 ans. Il y a 10 ans, ils étaient 5% sur 20 000 personnes. La plupart de ces seniors sont des femmes, isolées et sans famille.
 


 

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