Tutoyer la cime des arbres, c'est possible, à Drachenbronn, dans le nord de l'Alsace, depuis la mi-mai. Le chemin des cimes, grande structure en bois et métal, emmène les visiteurs à près de 30 mètres du sol. La nouvelle attraction touristique participe de la reconversion de l'ex-base aérienne.
"Nous savions que l'endroit avait du potentiel. Mais nous n'avions pas imaginé une aussi belle vue". Pierre Koepf, maire de Drachenbronn, détaille le paysage qui s'offre au bout du promontoire du Chemin des Cimes : les Vosges du Nord, la forêt palatine, la ligne Maginot... l'attraction est ouverte au public depuis le 22 mai, et remporte un joli succès, à en croire l'affluence certains week-ends de beau temps. Au bout d'un parcours d'1,05 kilomètre sur une passerelle de bois, les visiteurs se retrouvent ainsi à presque 30 mètres du sol, au niveau de la canopée, avec une vue à 360 degrés.
La montée, avec une pente à 6 degrés, se veut accessible à tous. Le toboggan aussi, même si le surcoût de deux euros, en plus du prix d'entrée de 15 euros, est parfois critiqué. D'après Audrey Kastner, nouvelle directrice du Chemin des Cimes, l'objectif de fréquentation est fixé à 200.000 visiteurs par an. Elle rassure : "On peut sentir la structure bouger, mais cela est fait exprès, pour qu'elle reste stable et ne soit pas endommagée par les intempéries". Le constructeur, la société allemande EAK, originaire de Bavière, y a apporté une certaine expertise, avec une dizaine d'attractions comme celle-ci déjà construites de par le monde.
Un site structurant pour la reconversion de l'ancienne base militaire
Si l'ouverture a dû être retardée d'un an en raison de la crise sanitaire, la communauté de communes du pays de Wissembourg s'en félicite tout de même. Son président, Serge Strappazon, parle d'un "site structurant en Alsace du Nord", qui manquait. Il s'agissait avant tout de trouver un élément phare pour la reconversion de l'ancienne base aérienne 901 de Drachenbronn, fermée définitivement en 2018. De nombreuses communes avaient alors été impactées, perdant une partie de leurs habitants ; au plus fort de sa fréquentation, en soixante ans, la base aérienne accueillait jusqu'à 1500 militaires, chargés de surveiller l'espace aérien depuis le "Riesling Radar".
Sur le site de l'ancienne base, une usine de proiduction de fonds de tartes flambées devrait bientôt voir le jour, gérée par l'entreprise allemande Gusto Palatino, avec un associé autrichien. La communauté de communes, qui a pu racheter le site à l'état pour un euro symbolique, a commencé à démanteler et désamianter les anciens bâtiments de l'armée. Plus loin, un restaurant devrait ouvrir, peut-être même un hôtel. Dans la forêt, des chalets de "glamping" (camping glamour, de luxe) sont prévus, près du grand parking des visiteurs du Chemin des Cimes, invités à monter avec un petit train ou un autocar spécialement affrêté.
Une offre touristique globale en gestation
Enfin, dès l'an prochain, un parc aventure, à la place de l'ancien chenil du maître chien de la BA 901, devrait compléter l'offre touristique. Les représentants des communes de la zone comptent sur la création de 130 emplois directs pour redynamiser l'économie. Enfin, des partenaires, tels que la cave viticole de Cleebourg, espèrent bien profiter du tourisme généré par le Chemin des Cimes. Les offices de tourisme de l'Alsace Verte travaillent actuellement sur une offre globale, en coopération avec leurs collègues de Pamina, pour attirer aussi les visiteurs venus d'Outre-Rhin.