Eguisheim, la truffe alsacienne fait son retour

Eguisheim inaugure le 1er marché aux truffes d'Alsace le temps d'un week-end, les 28 et 29 octobre, dans le cadre de sa 12ème fête du champignon.

Le pari pourrait sembler un peu fou. Lancer un marché de la truffe en terre alsacienne, est-ce bien raisonnable ? Léon Wehrlen l’initiateur du projet, ingénieur à l’INRA à Nancy, est formel : c’est d’autant plus raisonnable que la truffe a une histoire des plus glorieuses en Alsace. Louis XIV, par exemple, pour ne citer qu’un des plus remarquables amateurs de cet illustre champignon, envoyait son ministre de la guerre, Louvois, les chercher en personne à Sainte-Marie-les-Mines. Il y a quelque trois siècles, donc. Et si on remonte plus loin, au Moyen-âge, Léon Wehrlen montre qu’on l’utilisait déjà dans ces contrées de l’est de la France. Les gens cuisinaient la truffe comme une épice, au même titre que la ciboulette, par exemple. Ils ramassaient ce qui poussait autour d'eux et s’en servaient pour les pâtés ou les terrines ou même pour faire cuire les poulets. Ce n’est que récemment, au 19ème siècle, avec le développement de l’industrie et des grandes cultures en plaine que la truffe est passée de mode dans les assiettes alsaciennes.

« La truffe d’Alsace s’est perdue à partir du moment où elle n’était plus un champignon de survie économique en hiver. Les filatures se sont installées dans les vallées, les mines de potasse ont ouvert, l’industrie  s’est développée, donc les gens n’avaient plus besoin de la truffe pour survivre, mais le potentiel est toujours là, l’Alsace est une terre fertile, favorable à la culture de la truffe" affirme Léon Wehrlen.

« On a trouvé des recettes de truffes dans de vieux livres de cuisines du 17ème. Avec par exemple des terrines truffées alsaciennes qui utilisent des truffes du Périgord qui poussaient en Alsace ! »
 

40 années de passion et d’étude « truffière » ont fait de Léon Wehrlen le spécialiste de la truffe dans le Grand Est. Alors le marché d’Eguisheim est l'occasion pour lui d’échanger avec les visiteurs et autres badauds. L'occasion aussi de titiller curiosités et papilles chez ceux qui sont ouverts aux parfums envoûtants du champignon noir et surtout de garantir aux consommateurs une truffe de qualité. C’est en sa qualité de contrôleur, armé de son canif, que Léon Wehrlen s'est proposé à officier, entre autres, sur le marché d’Eguisheim.

 

Malgré une petite saison particulièrement sèche, Vincent Cerbino de Vieux-Thann et Bernard Vonflie de Munchhouse, deux trufficulteurs du Haut-Rhin, étaient présents sur le marché avec quelque 500 grammes de truffe, récoltée sur leurs terres, autour de Vieux-Thann et de Munchhouse. Une truffe vendue autour de 500 euros le kilo,  que ce soit la truffe de Bourgogne ou la truffe mésentérique, les deux principales espèces présentes sur le marché d’Eguisheim.