Eschbach, village au nord de l'Alsace, se bat pour garder des services

Depuis plus de 10 ans, le petit village d'Eschbach s'investit pour sauvegarder un commerce. Pendant deux ans, c'est un médecin dont les habitants avaient besoin. A présent, on trouve les deux dans le village, grâce à l'investissement de la mairie, ce qui fait la joie des habitants.

Eschbach compte 900 habitants. Dans le village, on trouve un restaurant à l'entrée, un coiffeur, une supérette, un médecin généraliste et même un cabinet de kinésithérapeutes et d'infirmières. Si les infrastructures semblent présentes, il n'en était pas autant il y a quelques années seulement. C'est à l'investissement de l'ancienne maire que le village doit ces services.

L'histoire commence vers 2007. A ce moment-là, Marie-Line Weiss, alors maire depuis 1995, se rend compte que son village risque de perdre de plus en plus d'infrastructures. "De 1952 à 2014, on avait le Point Coop. Mais au moment de la faillite de l'enseigne, le magasin a fermé", explique-t-elle. "Je savais qu'on allait tout perdre si on ne faisait rien", poursuit-elle. 
 

Un nouveau magasin s'est installé, dans le même local que le Point Coop, mais n'a pas duré. Il était ouvert de 2015 à 2017. La commune d'Eschbach a décidé de construire un bâtiment, au milieu du village, pour devenir propriétaire. En 2016, les travaux ont commencé. Une fois le local de plain pied construit, la mairie s'est mise à la recherche du gérant.

Il aura fallu une année entière pour trouver preneur. "Nous étions plusieurs fois à peu d'avoir un gérant qui vient du coin, même d'Eschbach, et qui parle alsacien, mais cela n'a jamais abouti, souvent pour des raisons financières", explique Marie-Line Weiss. Alors la commune a publié une annonce sur internet. 

Sandra Bunel l'a vue, depuis chez elle, en Picardie. Elle et son mari cherchaient à s'installer en Alsace depuis une vingtaine d'années. Pour l'employée en grande distribution, c'était aussi une opportunité d'ouvrir son propre magasin. La commune a reçu beaucoup de réponses, mais a été conquise par la personnalité de Sandra Bunel.
 
Le Proxi a ouvert le 16 juillet dernier. Un véritable soulagement pour le maire actuel, Hervé Tritschberger. "Il y avait quand même une pression, il faut le dire. Les habitants m'ont demandé à plusieurs reprises quand est-ce que le magasin allait ouvrir pour qu'ils puissent à nouveau faire leurs courses à pied, dans le village", explique-t-il.

Pour les habitants, la supérette est certes pratique, mais elle est aussi un lieu de rencontre. "Je revois des gens que je n'ai pas vus de toute l'année", raconte Marie-Angèle Kapfer. "En plus, avec le confinement, on ne voyait plus personne. Je suis heureuse de retrouver du contact", poursuit la sexagénaire.
 
Depuis l'ouverture, le magasin fait l'unanimité. André Kempf témoigne : "je remarque que les habitants du village soutiennent vraiment le commerce. Ici, je croise des jeunes que je ne voyais jamais aller au Point Coop. Et puis, il faut dire que c'est propre, tout est neuf, et Sandra est très sympathique".

La gérante confirme cet engouement : "depuis le début, j'ai été très bien accueilli par les Alsaciens ! Tous me disaient qu'ils m'attendaient, qu'ils sont heureux de retrouver un commerce dans leur village. Quant à l'alsacien, je maîtrise la charcuterie, pour le reste, je vais prendre des cours", dit-elle en riant.
 
Mais si l'ouverture du magasin est un soulagement et une joie pour beaucoup, le village a aussi manqué d'un médecin. "L'ancien médecin est parti à la retraite en 2017. Ensuite, nous n'avions plus personne", raconte Marie-Line Weiss. La commune a donc prévu, dans le même local que la supérette, un espace pour donner la possibilité à un médecin de s'intaller.

Et cela a fonctionné : Jonathan Rupp, jeune médecin, a décidé d'y installer son cabinet, après des années à faire des remplacements. Pour lui, exercer sa profession fait particulièrement sens à la campagne : "je trouve que le médecin a encore une valeur aux yeux des gens dans les petits villages. Cela m'a clairement motivé de savoir que les gens étaient dans l'attente d'un médecin, ici à Eschbach. On se sent vraiment utile", confie-t-il.
 
Avec ces services retrouvés, le jeune maire espère attirer de nouveaux habitants. "L'arrivée de jeunes familles fait augmenter le nombre d'enfants. Ainsi, on serait sûr de sauvegarder l'école, de ne pas devoir fermer de classe. Cela apporterait aussi beaucoup à notre dizaine d'associations. Et puis c'est une nouvelle dynamique pour le village", conclut Hervé Tritschberger. C'est pourquoi la commune fait construire un lotissement de 29 maisons. Elle espère que l'accroissement du nombre d'habitants pérenise l'activité de Sandra Bunel et Jonathan Rupp, qui sont bien décidés à s'installer durablement à Eschbach.