Fermeture de Stal et difficultés d'Alstom, "ça fait très mal" se désole le maire de Reichshoffen

L'usine Stal, implantée à Reichshoffen, sera fermée d'ici à la fin de l'année. Les 64 salariés du site seront licenciés. Il s'agit d'un nouveau coup dur pour le bassin d'emploi de la commune, après la perte par Alstom d'un contrat de trains Intercités.

A Reichshoffen, l'usine Stal (Société de Tréfilerie d'Alsace) va fermer d'ici à la fin de l'année. Les 64 salariés seront licenciés. La décision a été prise au niveau du groupe allemand Gustav Wolf. La direction la justifie par des coûts de production trop élevés. Les syndicats ont été choqués, tout comme le maire car la rigueur du personnel a été mise en cause. Les premières négociations portant sur le plan de sauvegarde de l'emploi ont débuté ce mardi 24 septembre.  

"On s'attendait à une réduction du personnel mais lundi dernier - le 16 septembre- le couperet est tombé. Ils ont annoncé la fermeture claire et nette de l'entreprise, parce qu'il y a une baisse de volume depuis le mois de mars et aussi en raison des problèmes que rencontre l'industrie automobile, pour laquelle nous travaillons", détaille Pierre Wurtz, délégué syndical CFTC. "Pour l'instant, c'est un peu le choc pour tout le monde, c'est des gens comme moi, certains ont plus de 20 ans d'ancienneté. Pour retrouver du boulot, ça va être très difficile".
 

"Quasiment une claque"

Pour le maire de la commune aussi, c'est l'incompréhension. "Aujourd'hui on est un peu démuni devant la décision de l'entreprise mère d'Allemagne, devant la procédure telle qu'elle va être mise en route. Cependant nous nous mobilisons, avec les structures et l'Etat, j'avais la sous-préfête tout à l'heure au téléphone, pour pouvoir accompagner cette entreprise et surtout les employés qui sont mis sur le carreau du jour au lendemain de manière assez virulente et ce n'est pas du tout la manière dont on fonctionne ici en Alsace et au moins en France", s'indigne Hubert Walter. 

Nous avons tout simplement été mis devant le fait accompli
-Hubert Walter, maire de Reichshoffen-

"C'était une mauvaise surprise, quasiment une claque, parce que je l'ai apprise par "la bande" mardi dernier. J'ai essayé d'avoir un rendez-vous avec la direction mercredi, que j'ai obtenu, d'ailleurs j'ai tout de suite associé l'Adira, notre structure qui nous accompagne quand il y a des coups durs dans les entreprises. Nous avons tout simplement été mis devant le fait accompli, tout est en place, tout roule, il y a eu un comité d'entreprise, et quelque part c'est un peu comme "circulez y a rien à voir". Alors qu'on apprend le jour même que même pas la Direccte, donc l'Etat, n'était au courant de la démarche de cessation d'activité volontaire du site" .

"On m'a dit mercredi dernier que c'était une question de rentabilité, que les entreprises de tréfilerie, il y a en beaucoup dans les pays de l'Est, et que les vrais clients qui sont les pneumaticiens se sont aussi installés là-bas, donc forcément le coût de revient serait un peu trop important au niveau de la France, de Reichshoffen, mais cela n'obère pas forcément une fermeture et on aurait pu les accompagner si difficultés il y avait, si on avait été mis au courant".


 


Deuxième coup dur pour le bassin d'emploi

C'est donc un nouveau coup dur pour la ville, où l'usine Alstom est passée à côté d'une importante commande de trains Intercités de la SNCF la semaine dernière. Elle porte sur la fabrication de 28 trains, d'un montant de 700 millions d'euros, plus 75 autres en option. Soit un marché à plus de deux milliards qui s'envole au profit de l'espagnol CAF. Deux mauvaises nouvelles qui font "très mal" pour le maire.

Les salariés d'Alstom ne comprennent pas qu'on utilise de l'argent public français qui va être plutôt envoyé en Espagne qu'en France
-Joël Klaiber, représentant du personnel (FO)-

Le site alsacien de Reichshoffen emploie environ 1000 personnes. 200 salariés seraient menaçés selon les syndicats. "C'est le contribuable français qui va payer cette commande passée à CAF, sachant que CAF va produire principalement ces véhicules en Espagne, il y aura juste un assemblage fait en France dans un site à Baignere les Bigorres", explique Joël Klaiber, représentant du personnel (FO).

"Il y aura moins de travail, moins de charges. C'est énorme pour un site comme Reichshoffen et tous les sous-traitants qu'on a, on va faire quoi avec ?", s'interroge Claude Merckel, représentant du personnel (CGT). Cette commande doit encore être approuvée par le conseil d'administration de la SNCF qui se réunira le 24 octobre.
 

"La logique des entreprises nous échappe totalement"

"Pour la question de Alstom, il y a deux ans, on s'était mobilisé avec tous les élus, pour que ça ne se passe pas par un appel d'offre, puisqu'il y aurait eu la possibilité que ce train puisse être mis dans le contrat-cadre qu'Alstom avait remporté", précise Hubert Walter. "Nous autres élus, nous nous sommes investis pour faire du lobbying, pour présenter toutes les caractéristiques, tous les avantages, tout le savoir-faire d'Alstom. Et c'est vrai que nous nous posons des questions. Comment une entreprise qui n'est pas installée en France ou pas plus que ça puisse être mieux-disante par rapport à l'Intercités, alors qu'Alstom a tous les atouts en main pour pouvoir remporter ce marché ?"

"C'est dommage, on parle beaucoup de décentralisation, de pouvoir des élus locaux, mais là franchement, au niveau économique, c'est extrêmement difficile parce que la logique des entreprises nationales ou internationales nous échappe totalement et la logique parfois des gouvernements également, puisque les choix leur appartiennent, et ce n'est pas toujours facile à accepter".
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