Chaque mercredi, une kiné bénévole masse les mains de patients soignés pour un cancer pendant leur séance de chimiothérapie, à la clinique Saint-François, à Haguenau. Une manière de lutter contre certains effets secondaires provoqués par les traitements mais aussi de tenir compagnie aux malades.
À la clinique Saint-François, à Haguenau, les patients peuvent bénéficier d'un massage en pleine séance de chimiothérapie. Dorette Hohmann, kiné dans un centre de réadaptation pendant 40 ans et désormais à la retraite, donne de son temps tous les mercredis pour ces malades du cancer.
Toute la journée, elle va de chambre en chambre proposer ses services aux patients. Le premier objectif est pratique : éviter ou contenir l'apparition de potentiels effets secondaires à l'issue de la chimiothérapie, grâce aux massages. Certains médicaments ont un effet toxique sur les nerfs des extrémités (mains, pieds, jambes) et peuvent entraîner des troubles de la sensibilité, appelés « neuropathies périphériques ». Autrement dit, des sensations de fourmillement ou de picotement plus ou moins douloureuses peuvent apparaître.
"On masse pour provoquer d'autres sensations dans les mains. Cela s'appelle la théorie du gate control : remplacer les influx douloureux par des influx mécaniques", explique Dorette Hohmann, dont l'aide est très appréciée par une très large majorité de patients. Elle intervient à Haguenau depuis deux ans (voir post ci-dessous) après avoir œuvré pendant quatre ans à la clinique Sainte-Anne, à Strasbourg, à partir de 2015.
Des massages impulsés par l'association Cœur des sables
L'initiative est née sous l'impulsion de l'association Cœur des sables, créée par le docteur Grandadam. Son ambition : améliorer le quotidien des malades soignés pour un cancer dans le nord de l'Alsace. Elle finance pour cela du matériel à destination des hôpitaux, des séances de sport, des ateliers bien-être et donc, des massages.
"L'idée, c'est d'apporter du soutien à la fois physique et moral. La chimiothérapie ou la radiothérapie sont la base du traitement mais quelqu'un qui est soutenu à travers des massages et des ateliers bien-être comme nous le proposons, ne vivra pas de façon similaire sa pathologie et son traitement qu'une personne seule. Il aura une posture gagnante. Et cette posture gagnante enclenchera un cercle vertueux qui permettra à la personne de mieux vivre sa maladie, de moins s'isoler. On espère ainsi participer à une guérison plus rapide ou au moins en meilleure condition", confie le chirurgien Stéphane Grandadam.
Les massages ont effectivement au moins autant d'impact sur le moral des patients que sur les neuropathies. "Je me réjouis à chaque fois que je vois Dorette franchir le seuil de la porte, raconte Brigitte Kopf, soignée pour un cancer du côlon. On papote. De tout... De cuisine, de la famille, de jardinage, des magasins du coin... Cela fait passer le temps". "Elle n'est pas seulement assise là à me masser, confirme Chantal Michelin. On discute. Forcément, on se sent un peu seul ici, alors les trois quarts d'heure passés ensemble sont précieux."
Un appel lancé à un deuxième kiné
L'association Cœur des sables cherche un deuxième kiné bénévole, disponible le mardi. Elle rembourse les frais de déplacement grâce aux dons dont elle bénéficie. Des dons qui lui sont notamment reversés à l'issue d'événements organisés en Alsace du nord. "Nous, on n'organise pas de course. On reçoit des dons et on s'engage à ce qu'ils soient redistribués à un voisin, une tante, une sœur, un beau-frère... Tout reste ici en Alsace du nord, c'est notre credo et notre engagement", complète le docteur Grandadam.
La Haguenauvienne, la course Go Saletio à Seltz, la Wisseinbourgeoise sont des exemples concrets de mobilisations locales pour l'association et la lutte contre le cancer.