Ce lundi 27 décembre 2021, Jean Wehrey, que tout le monde appelait "Hansi", est décédé à l'âge de 77 ans. Cette figure alsacienne a redonné ses lettres de noblesses à la race vosgienne, et est à l'origine des fermes-auberges du Haut-Rhin.
À 77 ans, Jean "Hansi" Wehrey nous a quitté le 27 décembre 2021. Figure incontournable de l'agriculture de montagne dans les Vosges, l'éleveur, qui n'a jamais quitté son village d'Oberbreitenbach (Haut-Rhin), s'était entre autre battu pour que la race vosgienne ne disparaisse pas.
Toute sa vie, on ne l'a pas appelé par son prénom. Jean Wehrey s'appelait comme son père : "Pour faire la différence, on m'a appelé Hansi!", expliquait-il devant les caméras de Rund Um en janvier 2018.
Et toute sa vie, Hansi Wehrey a livré un combat : celui de faire vivre la race vosgienne ; promise, avec l'agriculture de montagne, à la disparition dans les années 60 : "Les Vosgiennes ont disparu au fur et à mesure, par manque de successeurs. Mais aussi parce qu'il était plus simple pour les jeunes paysans d'aller travailler dans les usines de la vallée", se souvenait-il. À la fin des années 1990, Hansi Wehrey devient le premier à faire défiler une Vosgienne sur le ring du Salon de l'agriculture, à Paris.
Les fermes-auberges comme héritage
En plus de la survie des Vosgiennes, Hansi Wehrey s'est illustré en créant l'Association des fermes-auberges du Haut-Rhin en 1971. L'idée est alors de conserver une identité propre, en regroupant les fermes de montagne des Vosges, mais également en mettant en valeur les produits de ces fermes dans la restauration. Le menu marcaire y occupe une place prépondérante.
Hansi Wehrey a été le président de l'association pendant 35 ans, et a passé le flambeau en 2006 à Serge Sifferlen : "Quand ses fils ont repris l'exploitation, il a voulu arrêter. En conseil d'administration, il annonce à tout le monde qu'il me voit comme successeur. Sauf que je n'étais pas prêt, et pas candidat! Et pourtant, tout le monde applaudi et je lui ai succédé", sourit l'actuel président.
En 1970-75, quand on parlait de circuit court, c'était pas gagné. À l'époque, c'était le productivisme et rien d'autre.
Serge SifferlenPrésident de l'Association des fermes-auberges du Haut-Rhin
"C'était notre père spirituel, un vrai visionnaire. Le fait de regrouper les marcaires sous une association, c'était novateur. Surtout qu'en 1970-75, quand on parlait de circuit court, c'était pas gagné. À l'époque, c'était le productivisme et rien d'autre", ajoute-il.
Pour Serge Sifferlen, la vie de Hansi Wehrey est une vie de combat : "Mais toujours avec le sourire! Jean s'énervait rarement. Mais il a su trouver les bons mots pour avoir l'écoute des politiques, avec sa fougue et son dynamisme."
Une vie entière compilée dans un livre
Aujourd'hui, l'association regroupe plus de 40 fermes, rien que sur le Haut-Rhin : "Il a donné aux marcaires un statut particulier pour faire aimer la montagne vosgienne. C'est grâce à lui que l'endroit est devenu un incontournable de l'Alsace. Il a permis de garder une montagne accueillante et vivante", salue l'éleveur de Kruth.
En 2017, Hansi Wehrey publiait ses mémoires, co-écrites avec l'historien Gérard Leser. Intitulée "Une vie paysanne en Alsace", elles retracent la vie combative de cette icône des Vosges.