Malgré l'opposition de certains riverains, tous les tilleuls de la rue Charles Grad à Colmar seront abattus. Ainsi en a décidé la mairie pour des raisons de sécurité, les arbres ayant été jugés dangereux. Une décision adossée à des expertises et au jugement du tribunal administratif de Strasbourg.
Après plusieurs tentatives de conciliation avec la mairie de Colmar, les riverains contestataires de la rue Charles Grad à Colmar ne peuvent qu'assister, impuissants, à l'abattage de "leurs" tilleuls. Des tilleuls auxquels ils sont attachés, que certains ont pu voir grandir il y a une cinquantaine d'années quand ils ont été plantés. Oui mais voilà, ce jeudi 10 septembre, dès 8 heures du matin, les moteurs des tronçonneuses ont commencé à vrombir.
"Une équipe efficace de bûcherons de l’ONF, on va dire les bourreaux, sont arrivés et ont abattu de façon très professionnelle à peu près la moitié des arbres. Mais les bourreaux ne sont pas les assassins, ce ne sont pas eux qui ont condamné les arbres. Les assassins ce sont le maire de Colmar, l’adjoint au maire M. Meistermann et les services des espaces verts qui n’ont pas protégé les arbres comme ils auraient dû le faire", se lamente Serge Petit, l’un des riverains présents sur place au moment de l’abattage et qui ne mâche pas ses mots.
Un dialogue de sourd
Pour lui et la vingtaine de riverains constituée en association, "Les 18 tilleuls", cette mesure ne se justifie pas. Sur les 18 arbres sacrifiés, une bonne moitié aurait pu être sauvée selon eux. Pour argumenter leur position, les défenseurs de la cause des tilleuls pointent des incohérences dans la façon dont été menées les expertises. Du côté de la mairie, on assure que tout a été fait dans le respect des protocoles et de la légalité. Ce dialogue de sourd a radicalisé certaines positions au dire de l'adjoint au maire chargé des espaces verts, Christian Meistermann: "On a à faire à des intégristes et à des personnes qui ne veulent pas entendre raison parce que soi-disant ils sont plus experts que les experts".Les faits
Des travaux de réfection de la chaussée sont engagés dans la rue Charles Grad en mai dernier. Au cours de ces travaux, les racines de certains arbres sont endommagées par les pelleteuses en creusant des tranchées. Une expertise menée au début du mois de juillet conclut à la dangerosité de ces arbres. Un courrier de la mairie informe alors les riverains que huit de ces arbres vont être abattus. Une décision que déplore l'association mais qu'elle ne conteste pas. "Les arbres n’ont pas été protégés par l’entreprise chargée des travaux comme ils auraient dû l’être", précise cependant Serge Petit.Une deuxième expertise menée fin juillet conclut cette fois à l'abattage de tous les arbres. Dans un second courrier la mairie s'explique: "les arbres plantés, il y a plus de quarante ans, n'ont pas de racines d'ancrage et donc aucune tenue mécanique ; les arbres tiennent grâce aux grosses bordures en béton, les racines s'enroulant sur elles-mêmes, formant ainsi un chignon composé de racines étrangleuses."
Une décision que refuse d'admettre l'association, des erreurs auraient été commises sur l'identification des arbres conduisant à des diagnostics erronés. Ce que détaille le document élaboré par l'association ci-dessous.
L'association des 18 tilleuls réplique alors par un recours en référé pour excès de pouvoir auprès du tribunal administratif de Strasbourg, recours rejeté le 25 août donnant raison à la municipalité. "On a perdu en référé mais la procédure se poursuit sur le fond. Il faut qu'on dépose un mémoire avant le 25 septembre", objecte le président de l'association, Waldemar Idczak. "On avait 15 jours pour faire appel, chose qu'on n'a pas faite parce qu'on n'a pas d'argent", précise Waldemar Idczak, lequel envoie par ailleurs le 30 août dernier un courrier à la mairie de Colmar. On peut lire cette lettre ouverte à l'adjoint au maire de Colmar sur le site internet de Mediapart.
La mairie, elle, n'attend pas. Passé le délai des 15 jours, le lendemain, c'est à dire le 8 septembre, elle fait savoir qu'elle va procéder à l'abattage des arbres les 10 et 11 septembre. "Si demain, un arbre tombe dans cette rue et qu'il y a un mort, je suis pénalement responsable, je vais en prison. Donc arrive un moment où il faut prendre ses responsabilités", se justifie l'adjoint au maire, Christian Meistermann.