Les serpents des blés capturés dans la nature sont de plus en nombreux en Alsace, un danger pour l'environnement ?

En Alsace, une nette augmentation de captures de serpents des blés dans la nature a été observée ces dernières années. Originaires d'Amérique du Nord, ces serpents d'un tempérament calme et inoffensif, sont très populaires en terrariophilie surtout chez les débutants. Une douzaine d'entre eux a été retrouvée en Alsace en 2024, suite à des négligences ou des abandons de la part des propriétaires.

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Ils sont impressionnants mais heureusement inoffensifs pour l'homme. Le dernier serpent des blés à avoir été retrouvé en Alsace, le dimanche 8 septembre, mesurait près d'un mètre. De toute beauté selon les uns, terrifiant pour les autres, il était enroulé autour d'un arbre dans un coin de forêt près de Colmar (Haut-Rhin). Ses couleurs vives, orangées, n'ont pas échappé aux randonneurs qui passaient par là.

Alertés, les pompiers l'ont récupéré sans difficulté puis l'ont confié à Maurice Babillon, le spécialiste herpétologue de la région. Aux dernières nouvelles, le serpent se porte bien et attend son que son propriétaire vienne le récupérer. "Je l'ai observé sous toutes les coutures, il n'a aucune blessure", se réjouit le spécialiste, président de la société herpétologique d'Alsace.

Le serpent des débutants

Cette dernière capture vient compléter un tableau qui ne cesse de croître. "On m'a amené neuf serpents en 2022, treize l'année suivante et déjà une douzaine en 2024", précise Maurice Babillon, herpétologue depuis 50 ans, habilité à recueillir toutes les espèces de reptiles et d'arthropodes (mygales et scorpions). 

Le serpent des blés est une couleuvre originaire d'Amérique du Nord. Il doit son nom au fait que les agriculteurs américains le croisent souvent dans leurs champs de blé où il attrape de petits rongeurs pour se nourrir. Sous nos contrées, il prospère dans les terrariums où il est nourri, logé, blanchi dans des conditions idéales. "Il se plaît dans des températures moyennes d'environ 24 ou 25 degrés. Mais à l'état sauvage il peut survivre à des températures hivernales plus rudes".

De tempérament plutôt calme, non venimeux, ne mordant que très rarement et seulement s'il se sent attaqué, il est considéré comme le serpent idéal pour les amateurs débutant en terrariophilie. D'autant qu'aucune formalité n'est nécessaire pour en acquérir. "Pour les non-professionnels aucun papier n'est demandé jusqu'à dix serpents de cette espèce. Cela, plus le fait que c'est un serpent docile, en fait un serpent très apprécié. On l'appelle d'ailleurs le serpent des débutants. Dans sa catégorie, c'est l'animal le plus vendu en animalerie".

Laissés à l'abandon

Hélas pour lui, certains propriétaires indélicats en viennent à le mettre à la porte après avoir constaté que les frais d'entretien et d'hébergement leur revenaient trop cher. "Ils veulent s'en débarrasser pensant peut-être bien faire. C'est toujours le même problème, les gens achètent des animaux en animalerie puis les relâchent. Ces animaux n'ont rien demandé à personne et ils se retrouvent dans des conditions où ils sont perdus", observe Alain Fizesan, de l'association strasbourgeoise BUFO.

Que ce soit par volonté de s'en débarrasser ou par négligence (les serpents des blés sont les rois de l'évasion) le résultat est le même. Leur nombre ne cesserait de croître dans la nature. En extrapolant par rapport à ceux qui sont capturés, ils pourraient être des dizaines à survivre en milieu urbain ou aux abords des villes.

Un impact incertain sur l'environnement

Heureusement pas suffisamment pour qu’ils se rencontrent et se reproduisent. "Leur présence, encore anecdotique, n'a pas d'impact sur nos espèces locales, ce qui est souvent le problème quand une espèce exotique se retrouve dans la nature chez nous. Souvent aussi, ces espèces n'arrivent pas à s'adapter parce que les hivers sont un peu trop rigoureux", souligne Alain Fizesan. 

Oui mais voilà, avec le changement climatique, le serpent des blés pourrait survivre à des hivers pas trop froids en Alsace. D'où, peut-être, leur relative prolifération. Pour Alain Fizeran, "on ne peut faire que des hypothèses, les données sont insuffisantes pour tirer des conclusions". Pour l'instant sa présence ne semble pas avoir provoqué de modifications notables dans les milieux naturels. "Il faut rester vigilant, les choses pourraient changer très vite. Le serpent des blés n'a pas de prédateurs dans notre région", s'inquiète toutefois Maurice Babillon.

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