Les Effronté-e-s de Strasbourg, association fémiste, ont annoncé dans un communiqué vouloir saisir le Tribunal Administratif par référé-liberté pour obtenir le retrait immédiat des panneaux jugés "sexistes", installés en juin par la mairie de Dannemarie dans le cadre de l'"Année de la Femme".
L'association féministe, créée en 2014, ne décolère pas depuis qu'elle a découvert les 65 silhouettes qui parsèment les rues de la commune haut-rhinoise, à l'initiative de Dominique Stroh, la première adjointe au maire.
A la mi-juillet, sur les réseaux sociaux, les effronté-e-s avaient dénoncé "l'argent public dilapidé pendant que les associations féministes investissent le peu de moyens qu'on leur octroie pour accompagner les femmes en difficulté".
Aujoud'hui, elles demandent à la justice le retrait immédiat de ces panneaux "pour atteinte à la dignité humaine" "qui nous réduisent une fois de plus, et de trop, à des objets sexualisés ou renvoyés à la sphère domestique".
Dans un communiqué commun avec d'autres associations (Osez Le Féminisme! 67, La Nouvelle Lune et le CDOF) ainsi que Françoise Bey, adjointe au maire de Strasbourg en charge de la mise en œuvre de la politique municipale en faveur des droits des femmes et de l’égalité de genre elles stigmarisent le "caractère éminemment discriminatoire" de ces panneaux "qui nous réduisent une fois de plus, et de trop, à des objets sexualisés ou renvoyés à la sphère domestique".
Le maire de Dannemarie Paul Mumbach a pris acte, mais il persiste et signe, en lançant un appel à la mobilisation générale sur son compte FB. Un peu surpris tout de même par l'ampleur que prend cette polémique, même s'il s'en réjouit : "Du coup, des touristes font une halte chez nous. Ils viennent voir, c'est bien pour nous, non ?"
Interrogée par téléphone, une habitante de Dannemarie confie, sous le couvert de l'anonymat, que les réactions sont mitigées dans la commune sur ces silhouettes de femmes censées rester en place jusqu'en automne. "Ce sont surtout les bouches rouges qui gênaient. Mais on s'habitue", précise cette dame qui ajoute :"Au moins ça anime la ville et ça fait parler de Dannemarie !".
Arnaud Nussbaumer, fondateur de Sound Go radio, s'apprête à lancer une pétition en ligne en soutien à la municipalité. "On va un peu loin avec cette assignation devant le tribunal administratif", dit-il, "ces figurines n'ont rien de scandaleux, ni de choquant, ce n'est pas pornographique." Avec des amis, il envisage d'organiser un déplacement à Strasbourg "pour montrer qu'on est solidaire avec le maire".
L'affaire fait déjà le buzz : "ça explose sur Facebook !" nous annonce fièrement Paul Mumbach. A 17h30, il enregistrait 10 000 likes ! "Du jamais vu !"
Cette controverse, qui secoue un peu la torpeur de l'été alsacien, sera examinée mardi 8 août à 14h30 par le tribunal administratif de Strasbourg.