Face à la hausse du nombre de vols dans leurs exploitations, des agriculteurs ont signé mardi 23 juillet à Biltzheim (Haut-Rhin) une convention pour une meilleure protection. En partenariat avec les forces de l'ordre et les collectivités locales, elle promet notamment une sécurité renforcée sur le territoire.
Depuis plusieurs mois, les agriculteurs du Haut-Rhin observent une hausse inquiétante du nombre de vols et dégradations de leurs équipements. Près de 50 actes de vandalisme en plus par rapport à 2021 ont été enregistrés dans le département l'année dernière.
Pour endiguer ce phénomène inquiétant, une convention a été signée à Biltzheim, mardi 23 juillet. Elle réunit notamment les agriculteurs, les forces de l'ordre, les parquets de Mulhouse et Colmar ainsi que les collectivités locales.
"L'objectif est clair. Il faut redonner un sentiment de sécurité à nos agriculteurs", explique Christelle Jamot, directrice de la FDSEA 68. "Ils se demandent aujourd'hui pourquoi ils sont victimes de ces exactions alors que leur rôle est de nous nourrir."
Prévenir les vols et simplifier les procédures de plainte
Cette convention de 14 pages consacre son premier volet à la prévention. L'idée est de développer la communication entre agriculteurs et gendarmes pour mieux anticiper les actes malveillants. "On va créer une trentaine de groupes WhatsApp avec les forces de l'ordre. Dès qu'un évènement suspect se produira, il sera directement signalé", annonce Christelle Jamot.
Les gendarmes procèderont de leur côté à des contrôles plus réguliers des exploitations, mais aussi des zones voisines. "En accord avec la préfecture, nous pouvons depuis le mois de mai mener des contrôles de véhicules et aériens", indique le chef d'escadron Sylvain Dorr. Les nouvelles recrues seront également plus sensibilisées aux problématiques agricoles. "Nous avons mis en place des séances d'immersion de nos jeunes gendarmes sur les terres du département. Ça permettra de mettre en place une synergie et de meilleurs échanges entre forces de l'ordre et exploitants."
Un autre volet est dédié à la prise en charge des plaintes. Désormais, les agents de la gendarmerie se déplaceront sur site pour faciliter les procédures. "Beaucoup d'agriculteurs se découragent à l'idée de se déplacer pour déposer une plainte. Ils n'ont ni la force, ni le temps", explique Sylvain Dorr.
"Le préjudice moral est plus important"
Si le nombre de dégradations ne faiblit pas, ce sont bien les vols de matériels qui ont le plus augmenté ces derniers mois. Les conséquences financières sont importantes pour ces exploitants, souvent seuls à assumer ces pertes.
"Même si on est couvert par une assurance, il y a un reste à charge", glisse Mathieu Bintz. Cet agriculteur céréalier s'est aperçu un matin de la disparition de tablettes GPS sur deux de ses tracteurs. "On doit alors grignoter sur nos salaires. On se permet moins de sorties et on fait moins plaisir aux enfants."
Très attaché à son matériel, l'exploitant alsacien évoque ses craintes de voir disparaître à l'avenir des composantes indispensables à son métier. "Le préjudice moral est plus important. Quand on se fait attaquer des outils avec lesquels on travaille depuis des années, ça brise le cœur tout simplement. On reste une petite entreprise."
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes pour déterminer l'origine de ces vols. Pour l'heure, seul un suspect, basé en Roumanie, a été identifié par les gendarmes.