Matthieu Mentzer a de la suite dans les idées et va au bout de ses rêves. Sa dernière folie : le réaménagement d’un bus londonien en food-truck. A l'étage on y peut y déguster des fish and chips et des pizzas dans une déco british des années 70.
Dans le village il n’est pas passé inaperçu. Il faut dire qu’ici, à Heidwiller au sud de Mulhouse, les bus à impériale londoniens ne courent pas les rues. L’engin a débarqué l'été dernier. Le temps pour Matthieu Mentzer de lui faire une toilette et six mois plus tard, fin janvier 2022, le voilà tout pimpant prêt à recevoir ses premiers clients.
Depuis le temps qu’il en rêvait, Matthieu peut être fier de son food-truck. Un endroit atypique, comme il les aime, où on peut venir déguster fish and chips et pizzas maison, dans une ambiance seventies purement british.
Une petite folie. Mais on peut avoir la tête dans les nuages et garder les pieds sur terre. Matthieu, pour dégoter le véhicule d’occasion idéal, a fouiné sur internet avec l’aide d’un mandataire.
Et la piste l’a mené au nord de Londres, la patrie du bus à impériale. C’est ici que l’attendait le modèle convoité : un Titan Leyland de 1981. D’une hauteur de 4,32 mètres, il desservait West Watford sur la ligne scolaire 802 de Queens’ school.
L'entrepreneur lui a fait traverser le Channel direction la Bretagne. Repeint en rouge et retapé pour faire la route, le Titan a ensuite traversé la France. "Y avait du boulot mais il a bien roulé jusqu’à chez nous". Ne restait plus qu’à l’habiller dans sa tenue anglaise des années 70.
Opération relookage
"A l’étage on a gardé les banquettes d’origine qu’on a retapissées en rouge. On les a mises face à face pour installer des tables. Suivant les gabarits des mangeurs on peut attabler entre 20 à 25 personnes". De la déco, à l’éclairage, jusqu'aux noms d’équipes de football anglaises attribuées aux tables, Matthieu a pensé à tout.
En bas c’est le domaine du chef. "On a installé un plan de travail de pizzaïolo, un poste de congélation pour les fish and chips et les nuggets, un poste de lavage et des rangements". Le clou c’est le four à bois qui peut monter jusqu’à 500 degrés, fabriqué sur mesure par un cheministe.
Le poste de conduite a été conservé tel quel, dans son jus. "On a gardé une banquette, juste derrière le chauffeur, pour les gens qui patientent en attendant leur commande à emporter".
Le bus londonien relooké peut maintenant vivre sa vie de restaurant-pizzeria. Une renaissance qui aura quand même coûté pas loin de 80.000 euros. "Pour l’instant je ne me prends pas de salaire. On verra à la fin de l’année si le bus fait des bénéfices".
Avoir un bus londonien qui fait pizzeria, c’est super
Matthieu Mentzer
Pour autant Matthieu n’est pas sur la paille. Ses arrières sont assurés grâce à son emploi à plein temps dans une entreprise de chimie à Ottmarsheim. "Ma motivation, ce n’est pas l’argent. C’est faire ce qui me plaît. Et se faire plaisir en famille. "J’ai cinq garçons. J’ai envie que mes enfants s’éclatent. Avoir un bus londonien qui fait pizzeria, c’est super".
Matthieu n’en est pas à son coup d’essai. En 2019, il a ouvert le Mousquetaire Pizzas dans un kota finlandais, chez lui, à Illfurth. Dans "ce coin atypique", comme il dit simplement, on peut y manger des pizzas le week-end et commander en semaine.
Des idées plein la tête
En été, quand il trouve le temps, l'homme qui ne s'arrête jamais fait aussi la tournée des villages à bord de son camion vintage, 50 ans d'âge : "Je fais des glaces à l’italienne et des barbes à papa". En hiver, il fait des gaufres et des crêpes. Quand il a le temps.
Matthieu caresse un autre rêve. A moyen terme, il envisage de faire venir des Etats-Unis un de ces fameux school bus jaunes des années cinquante. A côté du bus londonien, le mariage sera du meilleur effet. "On y mangera des hot-dogs en terrasse dans une ambiance guinguette".
En attendant, entre Illfurth et Heidwiller, Matthieu Mentzer fait tourner sa petite entreprise avec une équipe de six personnes, dont son fils Dorian. Le food-truck londonien est ouvert midi et soir, sauf le mercredi. Le dimanche matin, l'entrepreneur prévoit de proposer tous les 15 jours, sur réservation, des brunch à l'anglaise.