Une conférence de presse de rentrée en distanciel pour la direction de l'Euroairport de Bâle Mulhouse, contexte sanitaire oblige. 2020 a été une année catastrophique pour le secteur aérien, 2021 ne s'annonce pas beaucoup mieux.
80% des recettes de l'Euroairport proviennent du trafic passager. Hors, le secteur est au plus mal, et à l'aube d'une nouvelle année avec une menace sanitaire toujours présente, tous les souhaits de succès que l'on échange habituellement ont été pudiquement passés sous silence. Place à une analyse froide du contexte.
En 2021, tenter d'échapper au pire
L'Euroairport démarre l'année avec un chiffre d'affaire qui a fondu de moitié : 160 millions d'euros en moyenne sur une année normale, mais 80 millions d'euros seulement fin 2020, à cause de la pandémie. Les comptes ne sont pas encore totalement cloturés, mais la direction estime qu'elle devra faire face à une perte nette de 20 millions d'euros.
Fort heureusement, l'aéroport dispose encore d'assez de liquidités "pour ne pas avoir besoin de soutien financier étatique", martèle le directeur général Mathias Suhr.... "Pas pour l'instant, mais il ne faudrait pas que cette crise dure trop longtemps encore", complète-t-il. De même pour l'instant, pas de plan social à l'étude (6 500 emplois directs sur la plateforme), mais en fonction de l'évolution de la situation, il faudra peut-être revoir l'organisation. Maintenir l'équilibre, malgré les incertitudes. Pour préserver sa trésorerie, l'Euroairport a réduit drastiquement ses programmes d'investissement, et a eu recours au gel des embauches ainsi qu'au chômage partiel.
Pour l'heure, deux scénarii sont envisagés : la version optimiste serait d'atteindre les 5 millions de passagers, la version pessimiste 3 millions. Le niveau de 2019, avec plus de 9 millions de passagers, est évidemment hors d'atteinte.
Les restrictions imposées par les états pèsent lourd
L'espoir, c'est le vaccin, qui pourrait faciliter la sortie de crise. En attendant, l'aéroport transfrontalier s'efforce d'appliquer les mesures rarement harmonisées, édictées par trois pays : Suisse, France et Allemagne. Par exemple, pour la France, il faut désormais produire un test négatif réalisé 72 heures avant le voyage, pour être admis sur le territoire nationale. Pour la Suisse, une telle obligation n'existe pas encore, elle devrait entrer en vigueur début Février. Quant à l'Allemagne, dont les conditions sont déjà très restrictives, si un tour de vis supplémentaire était donné, alors cela impacterait fortement le peu de trafic existant. Ajoutez à cela les mesures de quarantaines plus ou mois strictes, et les destinations autorisées... Pas toujours les mêmes! Un vrai casse-tête, reconnait Mathias Suhr.
En 2020, le fret a résisté
Si le trafic passager s'est effondré en 2020, à 2,6 millions de passagers contre 9 millions d'année précédente, le fret en revanche affiche un léger excédent : : +2,3% avec 108 500 tonnes transportées. Car il a fallu acheminer les produits pharmaceutiques, ou encore les matériels de protections personnelles comme les masques.
L'euroairport dispose d'un atout majeur : un terminal à température contrôlée conçu spécifiquement pour l'industrie pharmaceutique. Même au plus fort de la crise, lorsque toutes les activités se sont retrouvées paralysées, l'aéroport n'a jamais cessé d'opérer grâce au fret.