C'est ce samedi 13 mars la date officielle de l'ouverture à la pêche en première catégorie piscicole, rivières et lacs à salmonidés. Après six mois d'abstinence, les pêcheurs peuvent à nouveau remettre leur canne en service. Michael Comolli, guide de pêche, nous éclaire sur sa passion.
L'ouverture de la pêche à la truite c'est ce samedi 13 mars, depuis 6h16 dans le Haut-Rhin (trente minutes avant le lever du soleil). La pêche à cette date est soumise à la réglementation de la première catégorie piscicole, c'est à dire des rivières et lacs à salmonidés (truite fario, ombre commun, truite arc-en-ciel).
Après une période de fermeture de six mois, les pêcheurs sont impatients de retrouver les bords de rivière. Michael Comolli est guide de pêche professionnel basé à Strasbourg. Il emmène des groupes et des particuliers sur des spots en Alsace et à l'étranger. Pour cette première journée de pêche il a bien voulu répondre à nos questions.
Que représente pour vous l’ouverture de la pêche ?
"La première journée sera symbolique. Ce sera plus une journée pour se retrouver entre copains au bord de l'eau que de vouloir attraper du poisson à tout prix. Pour beaucoup de pêcheurs c’est ça la journée d’ouverture. Être enfin au bord de l’eau."
"A cette date, en mars, on pêche la truite. Elle a eu six mois de tranquilité, de septembre à mars, pour se reproduire. C’est important pour la pérennité de l’espèce. En hiver, c'est la réparation du matériel, on révise. Moi, je me balade au bord de l’eau pour voir les zones de frayères, si tout se passe bien. J'en profite pour refaire des stocks de mouche. Je les monte moi-même, ce qui me prend beaucoup de temps."
"Dans cette technique de pêche, on imite un insecte en plumes et en poils qu’on monte avec un fil de soie sur un hameçon. On le présente au poisson pour le leurrer. Le même modèle est fait en dix ou quinze fois pour avoir du stock toute l’année. Il faut être minutieux et patient. La référence de cette pêche c’est un peu le film avec Brad Pitt, Et au milieu coule une rivière. Dans la pêche au leurre, à la mode ces dernières années, on utilise un faux poisson en plastique. C’est une pêche active, une pêche de recherche."
"La capture du poisson est souvent secondaire, l’important est d’être au milieu de la nature, les pieds dans l’eau. Capturer un ou plusieurs poissons c’est la cerise sur le gâteau. Surtout avec cette période un peu compliquée, ça permet de respirer et de se vider la tête."
Quelles sont vos rivières préférées ?
"En Alsace, c'est surtout dans le Haut-Rhin qu'on va trouver les rivières en première catégorie: la Thur, l'une des plus poissonneuses, des plus belles et des mieux gérées, et la Fecht sont mes préférées. Mais il y a aussi la Lauch, qui descend du Markstein et la Fecht qui sont pas mal. Dans le Bas-Rhin, il y a la Bruche, une très belle rivière comparable à la Thur. Dans les régions voisines, il y a la Loue en France-Comté, l'Ognon et le Doubs."
Les rivières sont-elles en bonne santé ?
"La qualité de l’eau des rivières est vraiment bonne en Alsace. Ce qui est compliqué à gérer ce sont les étiages à faible débit en été. Pour les truites ce n’est pas très bon d’avoir une eau basse et chaude. La truite pour son équilibre biologique a besoin d’une eau fraîche et oxygénée, pas trop changeante en température. Les associations font beaucoup de pêche de sauvetage pour venir au secours de ces poissons en situation de détresse en été. C’est récurrent ces dernières années."
"Le Doubs et la Loue sont encore plus affectées. Ces rivières franc-comtoises sont en plus touchées par des pollutions aux pesticides et aux engrais. Tous ces nitrates lessivés par les pluies se retrouvent dans les cours d’eau. Cela favorise le développement des algues, ce qui n’est pas forcément bon pour les salmonidés. Mais d’une manière générale les populations de poisson se portent plutôt bien dans nos vallées."
"La truite est un bio indicateur: c’est un poisson exigeant sur le milieu dans lequel il vit. La truite est très sensible aux pollutions et aux écarts de température. S’il y a une bonne reproduction de truites cela veut dire que la rivière est globalement saine. Je suis optimiste. Du poisson dans la Thur, il y a en toujours eu et il y en aura toujours. Avec les prises de conscience écologiques de ces dernières ça ne peut qu’aller dans le bon sens, enfin j’espère."