Le mariage entre PSA et Fiat Chrysler en bonne voie fait craindre à la CGT de PSA Mulhouse des fermetures d'usines

Le conseil d'administration du groupe PSA a accepté mercredi soir le principe d'une alliance avec Fiat-Chrysler, première étape dans la constitution d'un nouveau géant de l'automobile. La CGT du site de Mulhouse s'attend à des fermetures d'usines et des pertes d'emplois.

Les constructeurs italo-américain Fiat Chrysler (FCA) et le français Peugeot Citroën (PSA) ont avancé à grands pas vers leur mariage dans la soirée du mercredi 30 novembre 2019. Le conseil d'administration a donné son feu vert au président du directoire de PSA, Carlos Tavares, pour lancer des négociations exclusives pour une fusion avec FCA. Une opération à 50 milliards de dollars pour unir leurs forces à l'heure où l'industrie automobile connaît des difficultés. '
           
Cet accord de principe, qui devrait aussi être validé par le conseil d'administration de FCA, prévoit que le conseil d'administration d'un futur ensemble sera composé de 11 membres, dont six pour le groupe français et cinq pour l'italo-américain, Les entreprises pourraient officialiser rapidement ces négociations exclusives. Les deux groupes emploient plus de 400.000 salariés et leur union en ferait le numéro 4 mondial du secteur.
 

"Quand les patrons se mettent ensemble, ce n'est jamais pour préserver tous les emplois, toutes les usines"

La plupart des syndicats approuvent le projet d'alliance, comme Force Ouvrière, premier syndicat chez PSA, a souligné une "dynamique industrielle positive" du projet et la CFE-CGC, numéro deux, retient qu'il n'est "pas prévu de fermeture de site en France".
 



Mais à Sausheim, dans la banlieue de Mulhouse, sur le site de PSA, le délégué de la CGT, Julien Wostyn, redoute cette fusion qui annoncerait des économies d'échelle : "Déjà PSA vient de racheter Opel, il y a un peu plus de deux ans, ça se traduit par une mise en concurrence des usines européennes. Ils cherchent à nous diviser en permanence, ils nous expliquent que telle ou telle usine serait plus rentable que telle autre. Il menacent en permanence nos emplois. Il faut être réaliste quand les patrons se mettent ensemble, ce n'est jamais pour préserver tous les emplois, toutes les usines."
 


Le syndicaliste poursuit : "L'usine de Mulhouse n'arrête pas de réduire ses effectifs. Elle a supprimé une ligne de montage et est en train de virer 1.000 interimaires."  L'usine assemble les véhicules PEUGEOT 2008, PEUGEOT 508 et 508 SW ainsi que le DS 7 CROSSBACK. Elle emploie 6600 salariés. L'arrêt de la fabrication de la Peugeot 2008 au dernier trimestre 2019 a entrainé un passage de la production de trois à une équipe et demie en 2020.

Il espère que le nombre fera la force : "PSA c'est 210 000 salariés, Fiat c'est un peu plus de 230 000... 450 000 salariés ça représente une force sociale considérable. On sera plus nombreux pour s'opposer aux attaques."

La direction de PSA a en tout cas convoqué les représentants des organisations syndicales au comité de liaison du groupe, jeudi 31 octobre à 07H50 , a indiqué la CFDT dans un communiqué.
 

 Vigilance de l'Etat

L’État, actionnaire à environ 12% de PSA via Bpifrance, «suit avec attention et ouverture les discussions engagées» entre les deux groupes a affirmé au micro d'Europe 1, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances Agnès Pannier-Runacher., ajoutant : "l'État allait être vigilant sur l'impact de la fusion sur l'emploi." .

L’annonce a plu aux investisseurs : vers 11 heures, PSA bondissait de plus de 6% à la Bourse de Paris, tandis que Fiat Chrysler Automobiles (FCA) grimpait de plus de 9% à Milan.
 

Fusion entre égaux ?

Les modalités du mariage restent encore à définir, selon les informations du Wall Street Journal qui a révélé l'affaire, à savoir une fusion entre égaux avec échange d'actions, tout en notant que d'autres options étaient également sur la table. La question épineuse du siège de la future entité n'a pas été tranché, mais l'hypothèse des Pays-Bas est sur la table. Carlos Tavares deviendrait directeur général de la nouvelle entité, dont le conseil d'administration serait présidé par le patron de Fiat Chrysler (FCA) John Elkann, héritier de la dynastie Agnelli.

La valorisation boursière de l'entité fusionnée est évaluée à environ 50 milliards de dollars (45 milliards d'euros).

Un tel rapprochement ferait entrer la nouvelle entité dans le collège des mastodontes du secteur derrière Volkswagen, l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et Toyota.
           
PSA a vendu 3,9 millions de véhicules l'an dernier, pour un chiffre d'affaires de 74 milliards d'euros. FCA a écoulé 4,8 millions de véhicules, pour 110 milliards d'euros. Le couple contrôle les marques Alfa Romeo, Chrysler, Citroën, Dodge, DS, Jeep, Lancia, Maserati, Opel, Peugeot et Vauxhall.
           
Une fusion permettrait à PSA de revenir par la grande porte sur le marché américain grâce aux Jeep et aux pick-up Dodge RAM de son fiancé. Fiat Chrysler de son côté consoliderait ses positions en Europe, où le groupe souffre de n'avoir pas suffisamment renouvelé sa gamme.

 
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