Mulhouse : comment la prison de Lutterbach veut favoriser la réinsertion des détenus par le travail

Le centre pénitentiaire de Mulhouse a reçu récemment une soixantaine d’entrepreneurs. L'objectif est de les inciter à déléguer une partie de leur activité à des détenus, le travail étant considéré comme un levier majeur à la réinsertion.

Les portes du centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach se sont ouvertes ce vendredi 10 février. Une soixantaine d’entrepreneurs était invitée à découvrir les ateliers où travaillent les détenus, situés dans l’un des 22 bâtiments du site. Avec deux ateliers de tri et de conditionnement et un tout dernier réservé à la filière numérique avec du matériel flambant neuf, le centre de Lutterbach est plutôt bien équipé.

Le but de la visite est d’inciter les entrepreneurs à y développer des activités rémunérées, le travail étant considéré comme un levier puissant de réinsertion. C’est le sens de la réforme de 2021 : revaloriser l’image du travail en prison par le rapprochement du statut des détenus travailleurs avec celui des employés en milieu libre.

"Maintenant, les détenus vont cotiser à l’assurance chômage, la retraite, l’assurance vieillesse et maternité", souligne Laura Fontès, directrice adjointe du centre pénitentiaire, à l’intention de l’équipe de France 3 Alsace présente sur les lieux lors de la visite.

Doubler le nombre de détenus travailleurs

Le taux d’emploi des détenus est de 30% au niveau national, avec la réforme l’ambition est de passer à 50%. Au centre de Lutterbach, une trentaine de détenus occupe un emploi. L'objectif est de doubler ce chiffre. Pour beaucoup d’entre eux, le travail est à la fois une échappatoire à la cellule et une source de revenus indispensable. "Ça m’apporte les moyens d’être autonome, de ne pas trop solliciter la famille et de m’assumer. L’inflation se répercute ici aussi sur nos besoins, en hygiène, en alimentation, sans compter les amendes et les frais de justice", confie un détenu à l’équipe de France 3.

Cinq à six heures par jour, cinq jours par semaine, cela représente une trentaine d’heures de travail hebdomadaire en moyenne, payée à hauteur de 47% du smic. "Le travail est la base de la réinsertion. Avoir un rythme quotidien, cela fait partie d’une vie normale. Ça permet d’avoir une rémunération, de développer des compétences utiles plus tard à l’extérieur", fait remarquer Laura Fontès.

Un intérêt bien compris

Ce parcours de réinsertion par le travail semble être bien compris par les entrepreneurs donneurs d’ordre. Avoir recours au travail pénitentiaire dans un souci économique tout en ayant un rôle social à jouer, l’intérêt est double pour eux. "Cela fait 20 ans qu’on travaille avec les prisons. Face à la pression du marché, c’est la seule façon de rester compétitif. Quand on a installé notre atelier à Lutterbach, on a voulu que les détenus se sentent comme faisant partie de l’entreprise, ce sentiment d’appartenance est important", explique ce responsable d’une entreprise locale qui fabrique des hameçons pour la pêche.

Prochainement, l’Armée du salut installera au centre pénitentiaire une SIAE, structure d’insertion par l’activité économique. "Ils proposeront du recyclage de petit meuble", précise Laura Fontès. Ces structures, destinées à des détenus éloignés de l’emploi, sont une sorte de tremplin pour accéder à des emplois pérennes. Le dispositif, voulu par le Garde des Sceaux, s'ajoute à la réforme du statut des détenus travailleurs. Un pas supplémentaire vers un retour à la société.

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