A Mulhouse, comme partout ailleurs en France, les lecteurs vont pouvoir échanger avec leurs libraires à l'occasion de la fête de la librairie, le samedi 24 avril. Les librairies Bisey et 47 degrés Nord sont prêts à accueillir leurs clients, de plus en plus nombreux, la rose à la main.
Malgré les conditions sanitaires contraignantes, la 23e édition de la fête de la librairie indépendante se tiendra bien comme prévu le samedi 24 avril 2021. L'année dernière, elle avait dû être reportée au mois de juin à cause du confinement. L'évènement mobilisera plus de 450 libraires indépendants en France, en Belgique et au Luxembourg, la possibilité pour les lecteurs d'échanger et de resserrer les liens avec les libraires.
#MardiConseil
— Centre national du livre (@LeCNL) April 20, 2021
Où faut-il se rendre pour participer samedi 24 avril à la Fête de la librairie indépendante ? ?
Le CNL vous propose une carte interactive pour trouver la #Librairie la plus proche de chez vous.
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La fête des libraires coïncide cette année avec les quarante ans de la loi Lang, insituant le prix unique du livre. L'association Verbes, à l'origine en France de ce rendez-vous annuel printannier, édite à cette occasion un livre tiré à 25.000 exemplaires, Que vive la loi unique du prix du livre !
Une rose à la main
Parmi ces libraires, Luc Widmaier, le gérant de la librairie Bisey, vénérable institution mulhousienne plus que centenaire, se réjouit du maintien de l'évènement. Même si le contexte morose n'incite pas trop à la fête. "Les quarante ans d'une loi qui a permis de sauvegarder le tissu serré des librairies indépendantes se célèbrent comme il se doit", affirme Luc Widmaier. Et comme chaque libraire, ce jour-là il offrira le livre avec une rose à chacun de ses clients. "La loi Lang est une loi fondamentale puisqu’elle est venue rompre le mouvement FNAC qui s’installait à la fin des années 1970. A l’époque cette enseigne cassait le prix du livre, une dizaine de librairies à Mulhouse ne s'en sont pas remises", rappelle le patron de la librairie Bisey.
Aujourd’hui, les librairies sont considérés comme des commerces essentiels, ce qu'exprimait déjà le texte de loi de 1981, relève Luc Widmaier "puisqu'elle institue une TVA à 5,5%, TVA portant sur les produits de première nécessité". Clin d'oeil historique et juste retour des choses sur la reconnaissance du caractère essentiel de ce commerce, se plait à souligner avec malice le libraire.
Le samedi 24 avril chez Bisey, l'écrivain Philippe Lutz sera sur place pour dédicacer son dernier livre Les années vertes. Il sera proposé aussi une sélection d'auteurs catalans. "On fait partie de la trentaine de libraires, les seuls à Mulhouse, à avoir été contactés par la délégation du gouvernement catalan pour célébrer avec eux la Sant Jordi, fête catalane à l’origine de la fête du livre", journée festive pendant laquelle la tradition veut que, dans les rues de Barcelone, les amoureux s'offrent une rose et un livre.
A quelques pas de Bisey, dans le coeur de Mulhouse, la librairie 47 degrés Nord ne manquera pas à la tradition: "On offrira une rose à nos lecteurs, de main à main, c'est plus sympa que de la laisser à disposition", confie Frédéric Versolato, le maître des lieux. A regret, il devra se tenir à une version minimaliste de la fête cette année. Pas de rencontre prévu avec des auteurs, si ce n'est en virtuel, en visioconférence. La dernière vraie rencontre remonte au 27 mars, juste avant le troisième confinement, avec Delphine Wespiser, pour son livre Devenir pleinement et sereinement soi. Le retour à des conditions normales reste pour l'instant assez flou, "pas avant juin", avance Frédéric Versolato.
En attendant, il se dit content de pouvoir recevoir du monde, sans pour autant se satisfaire de cette situation: "Mes clients trouvent cette ville morte, il n'y a personne dans les rues, toutes les autres boutiques sont fermées".
Les lecteurs sont au rendez-vous
Et les clients affluent. Ils n'ont même jamais été aussi nombreux. "Ça a commencé début novembre au deuxième confinement, lorsque nous étions en click and collect, de plus en plus de gens ont acheté des livres", constate Frédéric Versolato. Depuis, la librairie fonctionne à plein régime, avec ses sept salariés.
Même constat chez Bisey. "S’il y a une vertu à ces confinements, c’est que les gens se sont remis, ou mis, à la lecture", avance même Frédéric Widmaier. Le système de livraison à domicile mis en place lors du premier confinement et celui du click and collect au deuxième ont permis de sauver les meubles. "Les libraires s’en sont pas trop mal tirés dans l’ensemble". Pas trop mal, cela veut dire au niveau national une baisse du chiffre d'affaires moins pire qu'attendue, de l'ordre de 3% pour 2020. "Nous, on a été en augmentation de 8%", confie Frédéric Widmaier, qui a conservé ses 13 salariés.
"Quand les autres structures culturelles, cinémas, théâtres, musées, vont déconfiner ? C’est surtout ça qui nous inquiète puisque c'est un ensemble auquel nous participons", s'interroge le libraire. En attendant, les librairies, avec quelques bibliothèques, restent les seules structures culturelles auxquelles ont accès le public. Et elles commencent à se sentir bien seules.