Le zoo de Mulhouse vient d’enregistrer sa première naissance de casoar à casque, un oiseau de la famille des autruches, doté d'une bosse pointue sur le crâne. Un événement rare en captivité chez cette espèce à la reproduction compliquée. Le bébé casoar rejoindra le parc zoologique de Vérone, en Italie, au printemps prochain.
Il est né il y a quelques mois en toute discrétion. C’est pourtant une première pour le parc zoologique et botanique de Mulhouse et un événement suffisamment rare en captivité pour être porté à la connaissance du grand public. Le 1er septembre 2021, au sein du site mulhousien, un bébé femelle casoar à casque a vu le jour. Une naissance parmi la dizaine recensée cette année-là, sur l’ensemble des zoos européens.
Ce gros oiseau, de la famille des autruches, au look de dinosaure, peut peser entre 50 et 85 kg et mesurer jusqu’à 1,70 mètre. Il est originaire des forêts tropicales denses de Nouvelle Guinée et du nord-est de l’Australie. Son nom lui vient de la grosse bosse pointue plantée sur le sommet de son crâne.
Qui s'y frotte...
L'histoire du casoar à casque commence en 2015 au zoo de Mulhouse avec l'arrivée d'un couple reproducteur. Les mœurs belliqueuses de l'espèce, considérée comme dangereuse, vont vite mettre au pas les soigneurs du zoo : "C’est un oiseau coureur, proche des émeus, qui a la réputation d’être assez agressif. Ils sont armés de grosses griffes sur chaque patte et doté d’un casque qui sert parfois pour charger", fait remarquer fort justement Alexandre Pétri, soigneur au zoo de Mulhouse.
Pour ces raisons, il est déconseillé de s'aventurer sur leur territoire. Pour gérer les déplacements du casoar en toute sécurité, les deux enclos dédiés à l'oiseau sont dotés d'un système de loges et de trappes.
Une naissance espérée depuis longtemps
La reproduction, compliquée, a été l’aboutissement d’un long travail d’observation. Un travail quotidien effectué par les soigneurs pendant plusieurs mois, comme l'explique Alexandre Pétri: "C’est un oiseau solitaire, ils doivent être gardés séparément l'un de l'autre. Le mâle doit sentir le bon moment pour approcher la femelle dont le comportement parfois agressif peut se retourner contre lui. Ce qui rend les reproductions difficiles et rares en parc zoologique".
Les soigneurs ont dû repérer le bon moment pour les mettre ensemble, des moments qui peuvent durer aussi bien quelques minutes que quelques jours. Tout dépend de leur humeur. En tout cas, la patience dont ont dû faire preuve les soigneurs a fini par payer : "On a pu observer des accouplements nocturnes, ce qui nous a permis d’avoir des naissances", souligne Alexandre Pétri.
Un vrai papa poule
Quatre gros œufs ont été pondus sur une période de trois semaines, entre fin juin et début juillet. Un seul œuf fécondé a donné naissance à un oisillon deux mois plus tard.
Comme chez tous les oiseaux de la famille des autruches, c'est le mâle qui élève les petits. La mère, elle, préfère quitter le nid pour d'autres mâles. "Le père garde le nid et élève le petit jusqu’à ce qu’il perde son plumage juvénile. Cette période peut durer 18 mois", explique Alexandre.
Les petits sont rayés à leur naissance, comme les marcassins. Ce plumage, dans leur milieu naturel, leur sert de camouflage. Pour les femelles, c'est un signe qui ne trompe pas : le mâle est occupé...
Alimentation
Les casoars sont essentiellement frugivores. Au Parc zoologique et botanique de Mulhouse, ils sont nourris avec des pommes, des bananes et des fruits de saison. Dans la nature, ils mangent parfois des champignons, des petits vertébrés et des insectes.
Ils avalent leur nourriture en entier, la prenant dans le bec, puis la jettent en l’air pour qu’elle retombe directement dans le bec.
La fonction du casque est encore mal connue, peu d’observation ayant pu être faites dans la nature. Des observations en zoos laissent penser toutefois qu’ils pourraient se servir de cette bosse comme une pelle dans la recherche de nourriture.
Préservation de l'espèce
On comptait 1.500 à 2.500 individus sauvages en 2002 et la population diminue sans cesse. Cette espèce est par conséquent classée vulnérable dans la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). En Australie, le principal danger est la destruction et la fragmentation de leur habitat. En Indonésie et Nouvelle Guinée, l’espèce a été très chassée pour sa viande, considérée comme un met très délicat. Cette chasse a conduit l’espèce à disparaître totalement de certaines régions.
L'espèce est intégrée au programme EEP (programme européen d’élevage). C'est dans ce cadre et pour former un couple que la jeune casoar rejoindra au printemps le Parco natura viva, en Italie.