Le 61ᵉ régiment d’artillerie de Chaumont (Haute-Marne) organise le 30 et 31 janvier un forum sur l’innovation dans le domaine du drone à usage militaire. Pour l’occasion, soixante industriels sont venus exposer leurs nouveaux objets volants devant les acteurs de l’armée française. Le drone a révolutionné les méthodes de combats militaires.
Le 1er drone a vu le jour en 1917, mais il commence réellement à être utilisé à partir de 1964 dans l’armée de terre. Mais c’est avec les conflits armés des années 1990-2000 qu’il révolutionne la façon de faire la guerre. Le conflit ukrainien marque un tournant dans l’utilisation de drone à grande échelle, au point même de se demander comment nous faisions la guerre avant l’arrivée de ces derniers.
Une guerre n’est maintenant plus simplement un affrontement sur un champ de bataille, mais est devenue, une guerre de technologies et de renseignements. C’est pourquoi, de plus en plus d’actions sont menées à distance, ce qui explique l’apparition de drones dans les armées. Pourquoi déployer une troupe d’hommes dans la jungle qui risquerait sa vie à aller repérer l’ennemi quand un seul drone peut effectuer ce travail ?
"La transparence, c’est ce qu’a apporté le drone par sa diffusion à grande ampleur"
Présent sur le forum consacré aux drones militaires à Chaumont en Haute-Marne, organisé par le 61ᵉ régiment d’artillerie de Chaumont, Stéphane Morelli, ingénieur chez Sogitec, parle de "déshumanisation de la guerre". Ce n’est plus l’homme derrière son arme la cible principale mais bien le drone, ce dernier devenant un moyen de limiter les dégâts humains. C’est là que se trouve tout l’enjeu de ces engins pour le chef de corps du 61e. "Le principal risque pour nos soldats, c’est d’être vu de l’ennemi et c’est ce que le drone anticipe. Avec sa petite taille, mais aussi ces caméras, il permet de pouvoir suivre l’adversaire et à la fois de manœuvrer sans être vu. La transparence, c’est ce qu’a apporté le drone par sa diffusion à grande ampleur".
Tous les efforts d’innovation en matière de drone résident dans l’anticipation des mouvements ennemis. "Si vous prenez l’exemple du Predator Américain, un des premiers modèles de drone utilisé à des fins de renseignement, la principale évolution, c’est qu’on est passé à de la photographie d’observation en temps différé où il fallait attendre de 30 minutes à 3 heures pour développer la pellicule pour savoir où étaient les chars ennemis, à de la vidéo en temps réel, c’est un bouleversement profond, et c’est ce qui en fait le drone qui a révolutionné l’art de faire la guerre."
"Le drone, c’est un smartphone volant" affirme Henry Sedoux, le patron de Parrot, industriel majeur des drones. Dans une société où tout va très vite, le drone suit la même évolution. Les industriels doivent continuellement innover afin de construire des drones de plus en plus performants : plus autonome, certains drones ne tiennent pas plus longtemps que 30 minutes en vol quand d’autres atteignent les 6 heures, plus rapide, allant même jusqu’à 400 km/h pour le "Reaper" par exemple. Il est surtout plus facile à mettre en œuvre : les plus gros drones nécessitent des rampes de lancement, un système inimaginable dans des opérations extérieures complexes du point de vu typologie comme en montagne ou dans la jungle quand d’autres se déploie grâce à une simple propulsion électrique.
"Le drone est à la fois nécessité de combat et condition de victoire"
Pour le chef de corps du 61e, l’objectif à long terme de l’armée française, c’est que chaque soldat soit formé et dispose de son propre drone, il faut massifier son utilisation. "Le drone est à la fois nécessité de combat et condition de victoire".
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Mais comme toute arme, le drone a ses limites : très cher, sensible au climat (un drone ne peut pas voler par mauvais temps, brouillard, vent ou pluie), et dépendant de l’homme. Même si l’intelligence artificielle joue un rôle prédominant dans la recherche, un drone ne décide pas tout seul de qui est la cible et quel est l’objectif de la mission selon le colonel Le Viavant. Néanmoins, le futur du drone se trouve aussi dans sa capacité à frapper à la place de l’homme.
Si les Américains utilisent des drones armés pour justifier leur "guerre contre le terrorisme" depuis les attentats du 11 septembre, la France a toujours eu une position de recul quant à son utilisation à des fins d’attaques. Le drone armé bouleverse non seulement la manière de faire la guerre, mais plus fondamentalement celui qui la mène, à savoir le soldat. En éloignant le soldat du champ de bataille, la guerre prend une tout autre dimension où le drone figure en son centre.