Le tourisme de mémoire, est-ce une bonne affaire ? En Haute-Marne, le mémorial Charles de Gaulle attire de nombreux visiteurs. Comment Colombey-les-Deux-Eglises a-t-elle tiré parti de cette figure locale et politique ?
Sa silhouette allongée veille à l'entrée de la bâtisse. Ce vendredi, des collégiens annéciens de 3e viennent faire connaissance avec le "grand Charles". Sur la route de Verdun, ils font une étape au Mémorial De Gaulle pour préparer leur programme d'histoire.
Thomas Wauthier, guide au mémorial, évoque devant eux les nombreuses facettes du Général. "On n'en avait jamais vraiment parlé en classe, amis c'est vrai que c'est un personnage important de l'histoire de France," constate Flavie, une des jeunes visiteurs.
Une aubaine pour le commerce
Le mémorial voit son nombre de visiteurs se stabiliser autour de 70 000 personnes par an. À Colombey-les-Deux-Églises, le site a relancé la fréquentation des différents lieux de mémoire et surtout de l'ancienne demeure familiale de Charles de Gaulle, la Boisserie. Cette bâtisse qui attirait autrefois plutôt des pèlerins a reçu l'an passé 47 000 touristes.L'activité touristique a nécessairement un impact. Ce bourg de 750 habitants compte sept hôtels restaurants, dont un étoilé au Michelin depuis 15 ans. À l'Hostellerie la Montagne, Jean-Baptiste Natali attire avant tout pour l'excellence de sa cuisine. Attaché à son territoire, il propose pour 65 euros un menu "je vous ai compris"
"C'est un petit clin d'œil au général, signale le chef. C'est un menu qui n'est pas trop cher, pour dire "je vous ai compris" aux gens qui ne veulent pas payer trop cher"
Jean Baptiste n'a que quelques mètres à faire pour retrouver son père, Gérard Natali, dans son bistrot
Celui-ci a fait partie des douze jeunes qui portèrent sa dépouille en 1970. Son succès, il sait à qui il le doit. "J'ai fait à manger pour la Terre entière!" fait-il remarquer.
Peu d'impact économique pour la commune
Selon une étude récente de la Chambre de commerce, un euro investi dans le mémorial de Gaulle entraîne 11 euros de retombées touristiques. Elles restent indirectes, car si cet outil culturel est l'un des rares à parvenir à l'équilibre, il ne dégage pas de bénéfices.
Dans un village classé juste après la mort du Général, le Maire de Colombey jouit de la présence de certains services, comme le maintien indispensable de la brigade de gendarmerie. Mais il n'est pas riche pour autant. "Pour la commune, [le mémorial] a très peu d'impact sur le budget. Je dirais même qu'économiquement, on ne garde que les impacts négatifs, car mon village doit être plus irréprochable que d'autres," note Pascal Babouot, le premier édile.
Avant de quitter Colombey, entrons dans le bureau de Charles de Gaulle à la Boisserie. Une question se pose : le Général pourra-t-il encore longtemps passionner les foules ? Jacques Godfrain, le président de la Fondation de Gaulle, qui organise les visites, en est convaincu. "Aux présidentielles, on a vu douze candidats de tous bords politiques se référer à de Gaulle. C'est quand même étonnant. C'est la première fois que ça existe, et le mouvement s'amplifie!"