Après avoir consulté les professionnels du secteur, la préfecture de la Haute-Marne a mis fin à l'obligation de fermeture des boulangeries au moins un jour par semaine.
Le jour de fermeture hebdomadaire obligatoire dans les boulangeries, c'est désormais terminé en Haute-Marne. La préfecture du département a pris un arrêté pour abroger la mesure qui s'appliquait depuis 1986.
Dans le détail, 624 établissements ont été consultés et 153 ont répondu entre mars et avril 2022. "69 ont déclaré ne pas être concernés, 51 se sont exprimés pour l'abrogation et 33 pour le maintien de l'arrêté", peut-on lire dans le document publié le 1er septembre 2022 au recueil des actes administratifs de la préfecture.
La consultation a été lancée suite à l'action entamée par la Fédération des Entreprises de Boulangerie (FEB), une organisation professionnelle qui représente "tous les grands fournils industriels français, 150 sites partout en France, et des boulangers qui sont généralement en réseau franchisés, soit à peu près 1600 magasins", comme nous le précise son délégué général Paul Boivin ce mercredi 7 septembre.
"C'est une satisfaction"
La Fédération avait fait une première demande en 2018. Il aura donc fallu quatre ans pour la voir aboutir. Une satisfaction pour le délégué général de la FEB. "On a comme valeur cardinale la liberté d'entreprendre. C'est un droit de permettre à ceux qui le souhaitent de pouvoir ouvrir sept jours sur sept", explique-t-il. "C'est aujourd'hui un besoin des consommateurs qui souhaitent pouvoir acheter du pain frais chaque jour de la semaine."
"C'est une satisfaction parce que c'est un combat que la FEB porte depuis longtemps, qui mets du temps […] Il n'y a pas de raison qu'il n'y ait que les urbains qui puissent avoir accès à une boulangerie ouverte tous les jours de la semaine et que les territoires ruraux, comme la Haute-Marne, ne soient pas concernés", ajoute Paul Boivin.
Dans les grandes villes, le nombre plus important de boulangeries permet souvent, même là où la fermeture un jour par semaine s'applique toujours, de trouver du pain frais tous les jours de la semaine.
Les boulangers pas tous prêts à changer
Du côté des professionnels, la possibilité d'ouvrir sept jours sur sept ne séduit pas tout le monde. "Je suis contre, parce qu'on a le droit à un jour de repos quand même sinon on ne s'en sors plus. Je pense que ça va profiter aux grosses enseignes", explique Ménélick Hurel, le gérant de la boulangerie Aux Délices de Colombey, qui devrait donc rester fermer le lundi.
Un avis partagé par Franck Mouilleron, dont la boulangerie est installée à Nogent. "On travaille déjà beaucoup en tant qu'artisan", précise-t-il. Ouvrir sept jours sur sept nécessiterait de recruter davantage, mais ce n'est pas tenable pour lui. "Il faudrait avoir plusieurs salariés et faire un roulement mais on a déjà du mal à avoir un salarié fixe […] Je suis une trop petite structure pour pouvoir embaucher quelqu'un pour une journée d'ouverture. Sinon, c'est moi qui trinque", complète-t-il.
La Fédération des Entreprises de Boulangerie souhaite que l'ouverture sept jours sur sept puisse s'appliquer partout en France, un combat de longue haleine car il faut mener des procédures dans chaque département. Elle est déjà possible dans environ la moitié des départements. Dans le Grand Est, la fermeture hebdomadaire obligatoire ne s'applique plus que dans la Marne, la Meurthe-et-Moselle et les Vosges.