Pour ce père et son fils, le Dakar était un rêve. Jean-Claude et Jérôme Plâ viennent de le réaliser dans les dunes d'Arabie Saoudite. Avec leur buggy, les Haut-Marnais ont terminé à la 29e place de leur catégorie. Une belle réussite pour une première participation.
La dernière étape n'aura pas été la plus facile, loin de là. Mais l'essentiel est ailleurs : Jean-Claude et Jérôme Plâ ont bouclé leur premier Rallye Dakar après deux semaines de course dans le désert saoudien.
Pour ce dernier jour, l'équipage a cassé une rotule sur le parcours puis subi une crevaison sans pouvoir utilisé de cric. Les Plâ ont finalement été dépannés par un camion d'assistance à cinq kilomètres de l'arrivée de la spéciale. "Une vraie galère avec la mécanique aujourd'hui", résume Jean-Claude dans un message adressé à ses proches.
Pour le père comme pour le fils, c'est une immense fierté de faire partie de la grande famille de ceux qui ont terminé la course mythique. Au terme de douze étapes, les deux Haut-Marnais terminent à la 29e place de la catégorie SSV qui réunit les buggys.
Avec le numéro 445, ils ont arpenté les dunes, les grandes plaines désertiques et des paysages à couper le souffle tout en vivant à fond cette aventure légendaire, comme l'a résumé Jean-Claude à l'issue de la huitième étape :
"On est content, tous les jours on grignote un petit peu (au classement), on a encore pris du plaisir aujourd'hui. L'étape était longue, difficile, mais on n'a pas eu trop d'ennuis. On a juste éclaté un pneu sur une pierre à un moment donné et puis on également fait le bon samaritain : on a tracté un Zéphyr de chez PH Sports sur cinq kilomètres. Il était tombé en panne d'essence, il était là avec sa sangle, on a dit « allez, on va tirer pour l'emmener ». Ça nous a fait perdre un peu de temps, mais on a rendu service. Sinon les paysages étaient magnifiques aujourd'hui, les dunes étaient magnifiques aussi, le sable est beaucoup plus difficile également... On est content de notre journée et un peu fatigué donc on va aller prendre une douche, manger et dormir."
À bord de leur buggy, Jean-Claude, les mains sur le volant, s'occupe de la conduite quand Jérôme, les yeux et les doigts fixés sur le roadbook, veille à la navigation. Une organisation qui a parfaitement fonctionné :
"On l'a déjà fait (lors de précédents rallyes) donc on a des automatismes. On s'entend bien, on s'engueule rarement dans la voiture voire jamais... On se comprend bien et on n'a pas besoin de beaucoup échanger pour se comprendre. C'est sûr que c'est des souvenirs qu'on va garder pour toujours."
Des supporters connectés
Pourtant au matin de la dernière spéciale, Marie-Astrid ne décolère pas devant son téléphone. La compagne de Jean-Claude a suivi avec attention chaque étape sur l'application du Dakar. Et pour cette dernière virée dans les dunes, l'équipage ne lui a rien épargné. "Ça me stresse !!! Là, ils sont partis dans la mauvaise direction, je ne sais pas ce qu'il se passe. Ils n'avaient pas encore fait d'erreur de navigation, mais là, ils perdent beaucoup de temps. À moins qu'ils soient en panne, et qu'ils recherchent de l'assistance... Enfin, là, ils vont carrément à l'opposé de l'arrivée, ça me stresse !"
Voilà un petit aperçu de la façon dont Marie-Astrid a vécu ce Dakar 2022.
"Je passe mes journées devant l'écran, je fais un peu de ménage, je vais sortir mes chiens, je retourne à l'écran, je vais faire mes courses avec le téléphone à la main... En plus c'est pas totalement en direct, il y a des décalages des fois, alors on se dit « tiens, ils sont arrêtés, ils ont peut-être crevé ou ils ont eu un accident » et puis d'un coup, hop, la flèche rebouge et en fait tout allait bien, on a eu peur pour rien."
Jean-Claude et Jérôme ont pourtant connu quelques mésaventures. Lors de la neuvième étape, le buggy part en tonneau au kilomètre 133.
"Je me fais piéger par une dune cassée et creusée au pied, explique Jean-Claude Plâ. On décolle un petit peu, la machine bascule en avant et nos deux roues avant sont stoppées dans la saignée et c’est la pirouette. On manque de peu la double pirouette. On est un peu sonné sur le coup mais on s’extirpe rapidement du véhicule. Jérôme avait déclenché l’alarme pour éviter le sur-accident. On fait le tour de la machine et l’état des lieux n’est pas brillant. À ce moment, on pense que le rallye est terminé."
On n’avait pas encore vécu de galère sur ce Dakar et on était surpris. En une journée, on s’est bien rattrapé.
Jean-Claude et Jérôme Plâà l'issue de la 9è étape
Le buggy est très endommagé mais l'équipage n'a rien et parvient à rejoindre le bivouac. Le moment du repos pour les pilotes et d'une longue nuit blanche pour les mécaniciens.
"Les mécanos ont fait des miracles cette nuit pour la remettre en bon état, raconte Jérôme Plâ. Merci à eux de nous permettre de continuer. Nous avons terminé hier l'étape dans le temps imparti. Nous sommes donc toujours en course pour être finisher de ce Dakar."
Un rêve de gosse
Marie-Astrid arrive à avoir des nouvelles plusieurs fois par jour. Ces appels, ou ces SMS quand le réseau est de mauvaise qualité, permettent de rassurer tout le monde et d'en savoir plus sur leur moral. Toutes ces informations sur partagées dans un groupe Facebook Team 3PK qui réunit tous les amis et proches des deux aventuriers.
C'est là aussi que s'informe Cyril Plâ. Le plus jeune fils de Jean-Claude est resté en Haute-Marne pour s'occuper de l'entreprise familiale Vingeanne Transports. Ici il est question de poids-lourds mais depuis deux semaines, les conversations à la machine à café tournent aussi beaucoup autour du buggy 445 de l'équipage Plâ.
"On jette souvent un œil sur l'application ou sur le groupe Team 3PK pour tous se tenir informés. Il y a une bonne dynamique, les gens sont contents de pouvoir suivre cette aventure. Quand je crois du monde, on m'en parle à chaque fois : on les suit, on a regardé, ça se passe bien... il y a vraiment une bonne dynamique."
Dans la famille Plâ, le virus de la mécanique et des rallyes a frappé tous les garçons de la famille, n'épargnant que la grande sœur.
"Dans la famille, on a tous déjà fait des rallyes, explique Cyril. Moi j'ai fait la Grèce, eux ils ont fait la Pologne. Ils ont fait le rallye d'Andalousie aussi. Et puis en novembre on est tous partis en Tunisie pour se préparer au sable en vue du Dakar. Mon père nous a piqué au quad quand on était tout petit, on a fait quelques compétitions et maintenant depuis quelques années, on s'est mis au SSV, c'est-à-dire les buggys. En tous cas, le Dakar ça a toujours été le rêve de mon père."
Le retour de Jean-Claude et Jérôme est prévu demain en fin de journée après une dernière étape entre Paris et la Haute-Marne. Cette fois-ci, les dunes de sable laisseront la place au froid et au givre de l'hiver. Mais une fois arrivés, l'accueil, lui, promet d'être particulièrement chaleureux.