Sur la place de Langres en Haute-Marne qui deviendra le square de la paix, se dresse le monument aux morts de la commune. Cette œuvre, réalisée par deux artistes parisiens, a provoqué à l'époque une intense polémique. Après la guerre, la France entend bien honorer les 1 million 400 000 soldats morts au combat. En tout, 36 000 stèles vont voir le jour, quasiment une par commune. Langres n’échappe pas à la règle.
En 1922, un cénotaphe, un mausolée sans corps est construit, entièrement en calcaire. Le style est art déco, les formes épurées. Et comme tous les autres monuments aux morts, les noms des 228 Langrois morts pendant la grande guerre sont gravés dans la pierre : le plus jeune n’a pas 20 ans, le plus âgé 51. Ce monument pourrait ressembler à des milliers d’autres si une statue n’y avait pas été apposée.
Sur la face ouest du monument, une statue allégorique, singulière. Une jeune femme aux yeux fermés et à la longue chevelure représentant la « Marne glorieuse », la première victoire décisive de l’armée française en septembre 1914. Des lauriers poussent au pied de la statue et portent des casques inclinés d’où jaillit la source du fleuve. Mais la particularité de la sculpture se trouve plus haut. Le corps de cette Marne victorieuse est à moitié dénudé laissant largement entrevoir ses seins et son entrejambe, très loin de réalisations de l’époque. Une œuvre pour le moins subversive et anticonformiste pour l’époque.
Le 12 novembre 1922, le monument est inauguré en présence du ministre de la justice de l’époque Jean Colrat. La cérémonie se termine par une illumination et un embrasement du Monument.
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