Les rodéos urbains s'étaient calmés pendant la Covid-19, mais depuis juin 2021, de nombreux commerçants et riverains du centre-ville de Saint-Dizier en Haute-Marne s'en plaignent. Ils seraient encore plus fréquents qu'avant l'épidémie.
Le 25 juin, la municipalité de Saint-Dizier, la Préfecture de Haute-Marne, le parquet et la police municipale et nationale mettaient en place un protocole de lutte contre les rodéos urbains, de plus en plus fréquents à Saint-Dizier notamment en centre-ville.
C'est désagréable pour les clients, c'est une vraie nuisance sonore
Nadège Rolin-Gérante La Cabane à canons
"Nous avons l'habitude, mais nous ne pouvons plus supporter ces bruits de moteurs qui vrombissent à longueur d'après-midi et de soirées. Ils sont cinq, six conducteurs de deux-roues et toujours les mêmes à passer, repasser dans notre rue, on les reconnaît à leur véhicule. Si on leur fait une remarque, ils s'en amusent et passent encore plus vite et plus souvent," confie Nadège Rolin, gérante de La Cabane à canons.
Avant d'ajouter : " C'est désagréable pour les clients, c'est une vraie nuisance sonore, ils ne peuvent pas savourer leur verre de la même façon. Et c'est dangereux pour moi également, quand je dois emmener les verres en terrasses et traverser la rue. Je les entends arriver, mais bon, ça ne change pas le problème."
Un accident grave en 2018
En 2018, c'est une course comme celle-ci qui avait grièvement blessé un enfant de cinq ans, resté handicapé à la suite de cet accident. Un vrai traumatisme pour les Bragards.
"Cela ne fait que quinze jours que le protocole anti-rodéo urbain a été mis en place, je pense que c'est pour ça que nous n'avons pas l'impression qu'il est efficace. Il faut le temps que les choses se mettent en place. Ce qui nous a soulagés de ce côté-là, c'est la piétonnisation du centre-ville ce week-end. Quel plaisir de ne pas avoir à attendre que les motos passent pour servir nos clients. Nous avons pu organiser un concert. Les gens se baladaient tranquillement, sans crainte, c'est agréable", rajoute Nadège.
Un avis partagé par Philippe âgé de 71 ans, cela fait 40 ans qu'il habite la rue Gambetta, l'artère principale de Saint-Dizier : " Je n'ai pas souvenir d'avoir été aussi dérangé par ces courses à moto que ces deux dernières années. On voit la même petite bande faire des figures, rouler sur leur roue arrière, là où ils ont du public. Ce sont toujours les mêmes jeunes, équipés de leurs engins trafiqués. Si encore, ils ne touchaient pas au moteur, les motos feraient peut-être moins de bruit. C'est vraiment très désagréable !"
On est dérangés même chez nous, on ne peut pas ouvrir les fenêtres
Philippe-Habitant du centre ville de Saint-Dizier
"On les entend toute la journée et en soirée quand il fait beau comme ça. C'est d'ailleurs à cette période que c'est le plus compliqué. On est dérangés même chez nous, on ne peut pas ouvrir les fenêtres pour rafraîchir, on n'entend plus la télé, la radio, on ne s'entend plus parler non plus. C'est extrêmement pénible. On a bien vu la différence quand la rue a été piétonnisée ce week-end. Il faudrait vraiment que ce soit toujours le cas. Ça serait plus agréable," conclut-il.
Un nouveau protocole de sécurité
Quentin Brière, le maire (LR) de Saint-Dizier, a fait des rodéos urbains un de ses chevaux de bataille : "Grosso modo, les conducteurs sont des jeunes qui ont envie de jouer, ils n'ont pas nécessairement de mauvaises intentions, mais c'est extrêmement gênant pour tous. Certains en revanche, se lancent dans les rodéos urbains pour embêter le monde, pour nous, ce n'est pas acceptable, car ça met en danger la vie des autres, mais aussi la leur."
Le protocole mis en place par la municipalité de Saint-Dizier avec la police, la préfecture et le parquet repose beaucoup sur la participation des Bragards. Les riverains qui assistent à ces courses-poursuites sont encouragés à prendre les véhicules en photo et les envoyer à cette adresse mail : stoprodeo@mairie-saintdizier.fr accompagnée d'une description.
Quelques jours après cette mise en place, plusieurs signalements ont été envoyés. L'un d'entre eux a déjà conduit à la saisie puis à la destruction d'une moto débridée.
