En ce printemps 1917, pratiquement aucun pays d’Europe n’est épargné par les grèves, mais c’est au Royaume-Uni et en Allemagne que les mobilisations sont les plus fortes. Dans le Reich allemand, le contraste est saisissant : pratiquement aucune manifestation dans le Sud, alors que les villes du Nord sont très touchées. A Berlin et à Leipzig, le caractère politique est très marqué. C’est l’annonce d’une baisse de la ration de pain qui va mettre le feu aux poudres.
Le 12 avril 1917, des femmes protestent devant l’hôtel de ville de Leipzig : une dizaine de manifestantes sont arrêtées par la police.
Le 13 avril, le gouvernement de Saxe appelle au calme et à la raison, tentant de justifier la nécessité des restrictions.
Le 14, plus de 500 ouvriers convergent vers l’hôtel de ville pour réclamer une amélioration du ravitaillement et le 15 est annoncée la réduction de la ration de pain hebdomadaire de 1350 grammes à 450.
Le 16 avril, des centaines d’entreprises sont en grève.
Le mouvement fait immédiatement tâche d’huile et des centaines de milliers d’ouvriers se mettent en grève dans toute la partie Nord de l’Allemagne. Les usines d’armement de l’empire sont les premières touchées par le mouvement, ce qui vaut cette réflexion au chef de la section d’armement du Reich, le général Groener : « Quiconque se met en grève alors que nos armées sont face à l’ennemi est un chien »
Ces grèves révèlent aussi une émancipation de la base. Lancés spontanément par des ouvriers, les mouvements éclatent en dehors des organisations syndicales.
A Leipzig est créé le 1er Arbeiterrat, le conseil des travailleurs, mais le gouvernement refuse tout net de négocier avec les grévistes, et menace de les renvoyer sur le front. Le résultat est immédiat : les grèves cessent, mais seulement pour quelques mois puisqu'elles reprendront de plus belle en janvier 1918.
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