Le preneur d'otage de Montmédy a agressé jeudi une surveillante et tenté de la prendre en otage.
Montmédy - Prise d'otage à la prison
Depuis 9h20 ce mardi 18 octobre 2011, Fadik Djaidia, un détenu du centre de détention de Montmédy (Meuse) a pris un médecin d'une soixantaine d'années en otage.
Une cinquantaine de surveillants de la prison de Metz ont débrayé ce vendredi 18 novembre au matin à l'appel des syndicats dénoncer "le climat de violence" dans la prison de Metz.
Transféré en début de semaine à la prison de Metz, Sadik Jdaidia, condamné mercredi pour sa prise d'otage du médecin à la prison de Montmédy, a tenté jeudi 17 novembre de prendre en otage une surveillante messine en la menaçant avec un stylo. Il a été maitrisé par les collègues de la jeune femme.
Cette dernière a porté plainte.
Le détenu a été transféré à la prison de Nancy jeudi en fin de journée.
Le procès à Verdun :
Sadik Jdaidia, 37 ans, a été condamné à 3 ans de prison ferme mercredi 16 novembre par le tribunal correctionnel de Verdun pour sa prise d'otage du mardi 18 octobre 2011 du médecin de la prison de Montmédy.
Poursuivi pour"séquestration avec arme" et "violences aggravées" sur un professionnel de santé dans l'exercice de ses fonctions, il risquait 5 à 7 ans de prison.
Le substitut du procureur Emily Brodel avait requis 4 ans.
A ses juges, le prévenu a expliqué qu'il avait cherché "à se faire buter par le GIGN" (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) parce qu'il ne supportait pas ses conditions de détention.
"Si on avait pu me tirer dessus (pendant la prise d'otage), cela aurait été bien", a-t-il déclaré, encadré par six agents de l'administration pénitentiaire cagoulés et lourdement armés. "C'était un geste désespéré, absurde, fou, mais je n'avais pas le courage de me buter tout seul. Je regrette que le GIGN ne l'ait pas fait", a-t-il ajouté.
Grand, brun, vêtu d'un survêtement blanc et s'exprimant dans un langage parfois confus, le preneur d'otage a dit "assumer totalement" la séquestration d'un médecin d'une soixantaine d'années, tenu onze heures durant sous la menace d'une paire de ciseaux.
Deux expertises psychiatriques ont conclu que le discernement du prévenu n'avait été ni aboli ni altéré pendant les faits en dépit d'une personnalité psychopathique et paranoïaque, et qu'il était accessible à une sanction pénale.
L'audience n'a toutefois pas permis de cerner la personnalité d'un homme condamné à neuf reprises depuis 1994 pour vols et port d'arme prohibée, et qui a reconnu être "polytoxicomane". "J'ai essayé toutes les drogues que vous pouvez imaginer", a-t-il lancé au tribunal. "Donnez-moi dix ans, vingt ans mais qu'on en finisse avec tout ce théâtre", a ajouté, bravache, l'accusé qui purgeait à Montmédy une peine de deux ans pour un trafic de Subutex, un produit de substitution à l'héroïne.
Pour le substitut Emily Brodel, les motivations réelles du preneur d'otage restent "floues". "Se faire abattre par les gendarmes? Je n'arrive pas à croire à cet argument, même s'il peut paraître douloureux", a ajouté le magistrat.
"Vous avez à juger une tentative de suicide, suicide qui n'est pas autorisé par l'islam", a au contraire plaidé son avocat, Me Jérôme Caen. "Alors que son frère dirige une entreprise et que sa soeur est infirmière, mon client a eu honte de ce qu'il était devenu. Il avait décidé d'en finir", a expliqué Me Caen.
L'audience devait initialement se tenir jeudi 20 octobre mais avait été renvoyée et une expertise psychiatrique complémentaire demandée.
Le déroulé de la prise d'otage à Montmédy :
De 9h20 à 20h30, mardi 18 octobre 2011,Sadik Jdaidia, 37 ans, un détenu du centre de détention de Montmédy (Meuse) avait pris en otage le médecin du centre, âgé d'une soixantaine d'années.Il s'est finalement rendu sans résistance après l'intervention du GIGN vers 20h20. Aucun blessé n'a été déploré.
Incarcéré depuis le 26 juillet 2011, l'homme, originaire d'Alsace et "pas signalé comme particulièrement dangereux», selon le procureur Yves Le Clair, purgeait une peine jusqu'en février 2013 après avoir été condamné pour escroquerie.
Il était en possession d'une arme blanche, un poinçon artisanal, et avait mené des négociations depuis l'unité de soins où il retenait son otage.
Des équipes régionales d'intervention et de sécurité (ERIS) ainsi qu'un négociateur de la gendarmerie ont été sollicités ppour sécuriser la prison et entamer les premiers échanges avec le détenu. Puis le GIGN était arrivé vers 13h 30 et les négociations se sont prolongées toute la journée, rendues difficiles selon les gendarmes car le preneur d'otage n'avait pas de revendications précises.
Le communiqué final de la Préfecture de la Meuse :
"Le GIGN est intervenu sur place, et a mené les négociations avec le détenu, dans une ambiance calme jusqu’à 20h20 heures où s’est déroulée l’intervention.
L’intervention a été un succès. Le preneur d’otage a été neutralisé. Le médecin a été libéré et n’a pas été blessé par le détenu.
La situation dans les autres bâtiments du centre de détention est restée calme tout au long de la journée."
Selon la préfecture de la Meuse, il s'agissait de la première prise d'otages au sein de cette prison située dans le nord du département de la Meuse.
Le centre de détention de Montmédy, construit en 1990, peut accueillir jusqu'à 300 détenus.
Selon une source syndicale qui souhaitait garder l'anonymat et qui s'est confiée à l'AFP, cette prise d'otage était «prévisible». «Montmédy, c'est la jungle. Les détenus y circulent comme ils veulent, d'un bâtiment à un autre», avait-elle affirmé.
Pour le bâtonnier des avocats de Verdun, Me Fabrice Hagnier, interrogé par L'Essentiel, «c'est une prison dans laquelle le climat s'est durci depuis quelques années, pour arriver aujourd'hui à une situation de poudrière. On se rend compte que les cas d'agressions et de menaces sur le personnel sont en augmentation, les commissions de discipline sont fréquentes et bien remplies. L'état d'esprit a changé: c'était autrefois calme, désormais la confrontation entre ces deux types de population tourne parfois à la violence».