INSOLITE. Grand Est : Messein, Trécon ou Moosch, ces noms de communes qui font sourire

Regarder une carte géographique est souvent un voyage. Dans le Grand Est, quelques communes sont affublées de noms qui font sourire : Porcelette, Messein ou encore Moosch. Certaines ont rejoint le club très accueillant des communes aux noms burlesques et chantants.

"Je suis heureux de vous montrer Montcuq à la télévision" : on a tous en tête la fameuse séquence de Daniel Prévost en reportage pour le Petit Rapporteur à Montcuq, petite commune du Lot. On le voit s’extasier d’un air faussement naïf sur le poêle de Montcuq et s’étonner de ne pas trouver l’arrêt de Montcuq sur la ligne de bus.

Evidemment, la France entière en a ri mais la commune de Montcuq, elle, s’est offert en même temps une belle publicité. "On sourit d’abord, on chantonne ensuite, on admire enfin", voilà ce que l’on peut lire aujourd'hui sur la page d’accueil de ce bourg situé à quelques kilomètres de Cahors.

Sur les 36.000 communes françaises, environ 250 d’entre elles seraient affublées d’un nom atypique. Pas de quoi déstabiliser les habitants de ces pépites toponymiques. Bien au contraire.

Messein, une commune très vallonnée de Meurthe-et-Moselle

"Je suis arrivé sur Messein il y a 30 ans", raconte Daniel Lagrange. Engagé depuis 1987 dans le conseil municipal, cet enseignant à la retraite y officie en tant que maire depuis trois mandats. Il se plaît à décrire sa commune de 2.200 habitants, située à 15 kilomètres de Nancy. Dans un sourire, il explique : "Du haut de notre falaise à 400 mètres d’altitude, vous avez une vue plongeante sur Messein".

Evidemment, les bonnes blagues sur sa commune, il les a toutes entendues et toutes faites, sans doute aussi : "Autant en rire !". Un de ses amis lui a envoyé une carte postale géante de Montcuq avec ce petit mot : "Bonjour Daniel, je cherche le plus court chemin pour rallier Montcuq à Messein".

Taquin, il fait remarquer qu'il y a, à Messein, des personnes plus célèbres que le maire : "Nous avons dans la commune une certaine Madame Bonichon et, même, une Madame Téton, nourrice à Messein ! C’est quand même beau, non ?! ".

Il y a 8 ans, il décide de rejoindre le Groupement des communes aux noms burlesques : " Cela permet de rire ensemble et surtout de se faire connaître". Il rejoint ainsi Saint Lys, Vinsobre, Corps-Nuds et autre Cocumont. Certains se prennent même à rêver d’un jumelage entre Messein et Monteton. "Mais non, pas de cela chez nous ! ", explique Daniel Lagrange, "Ce que nous voulons c’est développer la notoriété de Messein et faire comprendre qu’il y fait bon vivre". 

Avec les confinements successifs et les envies de campagne qui s’en sont suivies, le maire sait qu’il a une carte à jouer : " Située à deux pas de l’autoroute, à une quinzaine de kilomètres de Nancy, Messein jouit d’un emplacement stratégique". Voilà plusieurs mois qu’il reçoit beaucoup d’appels pour des demandes de terrain : le paysage vallonné de Messein fait des adeptes. 

Plus on est nombreux, plus on rit

A l’autre bout de la France, Patrick Lasseube est le président fondateur du Groupement des communes aux noms burlesques et chantants auquel a adhéré le maire de Messein. L’idée de cette association de maires ayant un bon sens de l’autodérision est née dans le pays toulousain.

Depuis 1995, à Minjocèbos, hameau de la commune de Saint-Lys se déroule une fête champêtre sur le thème du rire et de la convivialité autour de Catinou et Jacouti, deux personnages issus de la tradition théâtrale du burlesque populaire occitan. À cette occasion se retrouvaient des maires de communes aux noms évocateurs : Escanecrabe, Rebirechioulet, Cassaniouze ou encore Bourgougnague.

En 2003, Patrick Lasseube, à l’époque maire, a l'idée de donner un retentissement national à cet événement, en invitant toutes les communes de France aux noms pittoresques, burlesques et chantants à se rassembler, pour ainsi, "profiter de son nom pour se faire un nom".

Sa ligne de conduite est claire : "Nous avons voulu prendre dès le départ le contre-pied de ce qui est arrivé au village, désormais célèbre de Montcuq. Nous, on veut rester maître de notre autodérision. Tous les maires qui jugent cela faisable sont les bienvenus, quel que soit le nom. Le graveleux et le grotesque, on préfère quand même éviter. On est là pour valoriser nos communes".

En 18 ans, il a rassemblé dans son association une quarantaine de communes : "Evidemment, les villages occitans sont très représentés mais nous avons aujourd’hui des adhérents de toute la France, de Bretagne, du Nord, du Centre et aussi du Grand Est".

A dire vrai, dans le Grand Est, ils ne sont que deux : Trécon dans la Marne et Messein en Meurthe-et-Moselle. Patrick Lasseube reconnaît avoir une "petite difficulté en Alsace mais c’est dû au parler local, à la langue alsacienne dont ne nous comprenons pas toutes les subtilités. Mais je lance un appel à tous les maires alsaciens qui seraient prêts à nous rejoindre : nous serions ravis de les accueillir !".

Les conditions d’adhésions sont simples : il faut être une commune. Les maires doivent prendre une délibération en conseil municipal. Le montant de la cotisation est d'un centime d’euros par habitant.

Tout est pensé : "Nous avons voulu que ce soit les maires qui s’inscrivent car nous comptons, et c’est la deuxième condition, qu’ils en profitent pour se faire un nom. Derrière cette vitrine du comique, du burlesque, on veut être des ambassadeurs de nos terroirs".

Il est d’ailleurs prévu dans les prochaines semaines de mettre en place d’une plateforme de vente en ligne des produits du terroir issus de ces communes aux noms burlesques et chantants.

Vatan, Longcochon, Simplet, Andouillé, Chante-merle-sur-la soie, Saint-Pompon, Poil, Latronche ou encore Maran, la liste des adhérents ne demande qu’à s’allonger. Dans le Grand Est, on a la chance d’avoir, pour ne citer qu'elles, les communes de Moosch, Petit-Landau, Porcelette, Bibiche ou encore Froidcul…suivez mon regard. Avis aux candidats qui ne demandent qu’à en rire.

 

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