Le tribunal correctionel de Paris a rendu son jugement à l'instant.
Nathalie Haddadi, Alsacienne de 43 ans, accusée d'avoir financé les actions terroristes de son fils, écope finalement d'une peine de deux ans de prison ferme. Une condamnation dont elle entend faire appel.
Nathalie Haddidi, la mère du jihadiste franco-algérien présumé mort en Syrie a donc été condamnée aujourd'hui à Paris à deux ans de prison ferme pour avoir "financé le terrorisme" en lui envoyant de l'argent.
Le tribunal correctionnel n'a en revanche pas ordonné son incarcération immédiate, comme l'avait requis le procureur lors de l'audience, le 5 septembre.
Cette peine est éventuellement aménageable.
Une peine plus lourde que celle requise
Le 5 septembre dernier, le procureur avait requis contre Nathalie Haddadi, commerciale de Lingolsheim, une peine sévère : dix-huit mois d'emprisonnement assortis d'un mandat de dépôt, c'est-à-dire avec incarcération immédiate.
Cette femme de 43 ans est accusée d'avoir payé des billets d'avion pour l'Algérie à son fils Belabbas Bounaga, qui y avait rejoint son père début novembre 2015.
Il était alors visé par une interdiction de sortie du territoire français à l'issue d'une peine d'emprisonnement.
Il lui est aussi reproché d'avoir caché le passeport de son fils aux autorités et, surtout, de lui avoir ensuite payé d'autres billets d'avion et fait parvenir de l'argent alors qu'il voyageait en Malaisie. La Malaisie, d'où il avait fini par rejoindre l'organisation Etat islamique en Syrie.
En août 2016, elle avait reçu un appel lui annonçant sa mort, à 21 ans.
"Par amour"
Nathalie Haddadi s'en est toujours défendue.
Elle ne comprend pas qu'on l'accuse d'avoir financé le terrorisme en donnant de l'argent à son fils "pour qu'il mange, pour qu'il se soigne".
"C'est inadmissible, on m'associe à des psychopathes dangereux (...) Vous vous rendez compte ? Moi, je suis une femme active, moderne, je suis madame Tout le Monde".
Ecoutez son témoignage recueilli par nos collègues de France 3 le 4 septembre dernier.
©France 3
"Mensonges et revirements" selon le Procureur
Pour le procureur, qui avait déploré les "mensonges" et les revirements de Mme Haddadi dans ce dossier, "elle était au courant des aspirations de son fils" lorsqu'elle lui a envoyé l'argent, mais l'a aidé car "tout ce qu'il faisait était nécessairement bien".
Un an d'emprisonnement, dont six mois avec sursis, avait été requis à l'encontre de son fils cadet, accusé lui aussi de financement. Pour la même raison, trois ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt avaient été requis contre le meilleur ami du
jihadiste.
Contre Belabbas Bounaga, jugé par défaut en l'absence de certitude sur sa mort, le procureur avait demandé 10 ans de prison et un mandat d'arrêt.