La tradition des crécelles de Pâques réveille toujours les habitants dans les villages alsaciens

Mais quel est ce vacarme qui remonte de nos rues ? Les crécelles, pardis ! Des siècles qu'elles crépissent pour réveiller les habitants privés d'angélus, le Vendredi saint et le samedi de Pâques. Par endroits, la tradition est largement revisitée, dans d’autres, on s'accroche aux habitudes.

On a souvent raconté aux enfants que les cloches partaient à Rome. En réalité, elles restaient bien là, solidement accrochées aux clochers des églises et s'arrêtaient simplement de sonner. En signe de deuil après la mort de Jésus. Pour les remplacer, le Vendredi saint et le samedi de Pâques, les crécelles étaient actionnées par les enfants des villages, trois fois par jour, pour annoncer les angélus de six heures et de dix-huit heures, et pour sonner midi. 

Aujourd'hui, les cloches sont en général radioguidées et personne ne désactive le mécanisme. Mais chacun fera comme s'il n'avait rien entendu. Une omission volontaire, qui permet à la tradition de perdurer.

A Wihr-au-Val, on peut même parler de renaissance. Les crécelles n'étaient plus sorties du grenier de la mairie pendant quelques années jusqu'à ce qu'un jeune conseiller municipal, Adrien Meyer, relance le défilé. Par nostalgie. Il avait arpenté les rues de son village, plus jeune, avec les copains de son âge, en général ceux qui préparaient leur profession de foi.

Puis, la tradition avait disparu, par manque de communiants. Il a donc décidé, en 2014, de lui donner un nouveau souffle. L'aspect religieux s'est largement effacé, place à un moment de convivialité et de partage. Chaque année, Adrien Meyer essaye de convier d'autres habitants, et notamment des nouveaux arrivants pour les intégrer à la vie de la commune. D'autres revivent une joie passée, parfois près de soixante ans après leur pemière expérience de crécelleur. 

Des enfants, des adultes, des femmes, des hommes défilent donc ensemble. A Wihr-au-Val, les crécelles ne raisonnent plus qu'une seule fois, le Vendredi saint à sept heures : "A six heures, on avait peur que les gens ne viennent pas, donc on l'a fait à sept heures. On préfère un grand groupe d'une vingtaine de personnes plutôt que cinq personnes trois fois dans la journée", confie Adrien Meyer, qui a réuni tous les courageux matinaux autour d'un petit-déjeuner.  

Quelques kilomètres plus loin, à Kientzheim, l'ambiance est plus sérieuse. Seuls les garçons, comme cela se faisait à l'époque, sont autorisés à participer. Leurs soeurs ou cousines se contentent de les observer, à distance. Et tout le régiment marche au pas, en rang, deux par deux, avec une conviction et une concentration déconcertantes.

Le rythme est parfaitement maîtrisé. Il faut dire que les garçons - de six à dix-huit ans - ont répété pendant plus d'un mois, chaque samedi. "D'abord, on prend tous les petits seuls, ceux qui ne savent pas jouer, et ensuite on joue tous ensemble", explique Antoine Kuehn, l'un des grands du groupe.

Ici, les crécelles retentissent encore trois fois par jour, le Vendredi saint, comme le samedi de Pâques, et à chaque tour, les participants s'arrêtent chez un adjoint ou chez madame le maire. Histoire de grignoter et de boire un coup, puis de se voir offrir quelques sucreries à partager et des billets pour organiser les collations prises ensemble. 

Sur tous le parcours, les parents, les grands-parents et même les touristes sont rassemblés pour prendre quelques photos. L'évenement est devenu un rendez-vous incontournable à Kientzheim et toute la vallée. Dans la plus pure tradition.

 

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